Sandy Bay 1998-1999
Après avoir lu le livre de Ruth Teichroeb, Flowers on My Grave : How an Ojibwa Boy’s Death Helped Break the Silence on Child Abuse (1998), le récit du suicide d’un garçon victime de la violence multigénérationnelle dans les pensionnats indiens et dans sa réserve, Houle a créé cette œuvre bouleversante en dix-huit mois.
Le livre a ravivé les souvenirs de Houle du pensionnat indien de Sandy Bay. L’œuvre reflète la tradition culturelle du récit — se souvenir, raconter et enregistrer une expérience difficile comme chemin vers la guérison. Cela fonctionne comme un texte en l’absence d’écriture, comme l’histoire en l’absence de compte rendu officiel. Ses éléments narratifs sont un passage à travers la mémoire qui commence avec deux photographies comme preuves et se déplace à travers une majestueuse résurrection dans laquelle la forme fantomatique de l’école, dans des tons monochromes de gris clair et de bleu, semble émerger du paysage.
Sandy Bay comporte cinq parties, destinées à être vues de gauche à droite, et se transforme subtilement de la figuration à l’abstraction. Deux photographies agrandies montées sur masonite sont situées à l’extrême gauche de l’œuvre : l’une montre le premier prêtre à être enterré dans le cimetière de la réserve; en bas, l’image d’une classe de première communion, dont Marilyn, la sœur de Houle. Dans une zone nuageuse au milieu à gauche du tableau se trouvent des mots d’un hymne que sa mère lui chantait et qui viendrait à être utilisé lors des funérailles familiales: ON SAM KISEWATIS ANA MANITOWIYAN (Oh, tu es si gentil et si précieux bien que tu sois comme un dieu). Chacune des fenêtres du bâtiment situées au-dessus est une référence métaphorique à l’un des frères et sœurs de Houle. À droite se trouvent deux panneaux : l’un représente le paysage de Sandy Bay en bleu foncé, l’autre un paysage en rouge avec la ligne gestuelle caractéristique de Houle en vert. D’autres marques distinctives font référence aux décorations traditionnelles en piquants de porc-épic et à l’étoile du matin.
Ce travail de guérison illustre l’approche de Houle et son organisation symbolique de chaque élément. Le pinceau apaisant de l’artiste équilibre la tempête intérieure, trouvant le centre tranquille en chacun de nous.