Palissade II 2007
Palissade II est une installation en trois parties : six peintures gestuelles qui incluent la pictographie et la figuration abstraite sur un mur, et six peintures monochromes sur un autre. Entre les deux, il y a Postscript, un collage de textes et d’images photocopiés ressemblant à des archives historiques. L’œuvre est un mémorial aux Sénécas, gardiens de la porte occidentale des Six Nations des Haudenosaunees, qui étaient le seul groupe de cette alliance à se joindre aux autres nations qui ont résisté aux Britanniques pendant la confédération du chef Pontiac dans les années 1760 — l’une des campagnes les plus réussies des Premières Nations contre l’invasion européenne, bien qu’elle n’ait finalement pas repoussé les Britanniques. Dans six délicates peintures gestuelles, Houle fait référence à chacune des six nations, et une œuvre monochromatique correspondante évoque l’amalgame entre l’art, la nature et l’histoire.
L’installation se rattache à une œuvre précédente, Palisade I (Palissade I), 1999, qui consiste en des peintures rappelant les tactiques du général Jeffrey Amherst, commandant de l’armée britannique en Amérique du Nord pendant la guerre de Sept Ans (1756-1763), et de son collaborateur, le colonel Henry Bouquet. Ils avaient conçu l’odieux projet d’offrir des couvertures contaminées par la variole et une tabatière contenant un tissu infecté à une délégation de Sénécas pendant les négociations de « paix ». L’insertion de la composante textuelle Postscript dans Palissade I déséquilibre l’ensemble puisqu’il fait référence à l’histoire de la variole et à l’effet fatal de cette guerre biologique utilisant une pathologie européenne sur les peuples des Premières Nations en 1763.
Dans Palissade II, le collage Postscript est la charnière qui relie les deux peintures d’installation et présente la clé pour comprendre l’histoire. De plus, la disposition des toiles reflète le déploiement géographique des Six Nations d’ouest en est (de gauche à droite) : vert (Sénéca), orange (Cayuga), or (Onondaga, les Gardiens du Conseil), jaune (Tuscarora), pourpre (Oneida) et bleu cobalt (Mohawk, Gardiens de la porte de l’Est). Comme pour Pare-flèches pour la dernière Cène, les peintures abstraites sont des objets autonomes. Houle considèrent les panneaux des peintures gestuelles comme des « sacs de médecine » et en complète un par jour, comme un moyen de maintenir l’immédiateté, l’éclat et la simplicité dans leur essence même.
Tout en commémorant la lutte des Six Nations contre les colonisateurs britanniques, Palissade II confirme la place de Houle dans le modernisme par l’utilisation de la couleur et d’éléments d’accompagnement qui font visuellement référence aux œuvres du peintre expressionniste abstrait Barnett Newman (1905-1970).