Mount Pleasant et Roxborough la nuit 1962-1963
Pour cette œuvre tardive, Paraskeva Clark exploite en mode abstrait un motif familier : la vue depuis l’angle de sa résidence de Toronto, sur la promenade Roxborough, vers le sud, sur le chemin Mount Pleasant. Les épais traits noirs qui figurent des branches d’arbres ancrent la composition autour de laquelle s’articulent les formes et les couleurs. La bande rouge brique qui monte sur le côté droit de la toile représente peut-être les feux arrière des voitures qui se dirigent vers le sud sur le chemin Mount Pleasant, et le vif éclat jaune et orange dans le coin inférieur droit pourrait être l’éclair des phares d’une voiture tournant sur la promenade Roxborough. Un réverbère luit au centre.
L’œuvre est, à n’en pas douter, une réponse aux peintres abstraits de Toronto qui ont formé le collectif Painters Eleven ou en sont disciples. Clark voit régulièrement leurs œuvres, lors des expositions annuelles des sociétés artistiques et dans les galeries commerciales. Nombre d’artistes plus jeunes, influencés par les action painters américans, s’essaient à la peinture gestuelle et à l’encadrement aux traits noirs. C’est notamment le cas du November No. 4 (Novembre no 4), 1957, de Walter Yarwood (1917-1996). Paraskeva ne rompt pas avec le réalisme, toutefois : toitures, cheminées et cimes d’arbres se reconnaissent aisément.
En 1960, invitée à dire en quoi les nouveaux mouvements artistiques l’influencent, Clark répond : « Il est tout simplement impossible d’y échapper. […] On a l’impression qu’il faut suivre ce jeune mouvement. […] Par conséquent, même si vous êtes une réaliste, on essaie de conserver une perspective réaliste ordinaire, mais en la parant d’une nouvelle tenue, peut-être.»