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Bain russe 1936

Paraskeva Clark, Bain russe, 1936

Paraskeva Clark, Russian Bath (Bain russe), 1936

Aquarelle sur papier, 37 x 42,3 cm (feuille)

Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto

Cette œuvre, qui a déjà appartenu à Douglas Duncan, est un premier retour au thème du bain russe. Comme pour Mère et enfant , Paraskeva Clark revient plusieurs fois à la série du bain, en variant la technique. Ces œuvres sont importantes en ce qu’elles semblent exprimer l’état affectif de l’artiste au moment de leur exécution. Exposés sous des titres divers, les tableaux des bains russes coïncident à peu près avec des périodes heureuses de sa vie. Cette version de 1936 est présentée pour la première fois à l’Exposition nationale canadienne de cette même année, en août, à peu près à l’époque où elle fait la connaissance du Dr Norman Bethune. Clark est également en correspondance avec Alexandre Iacovleff (1887-1938), artiste émigré russe qu’elle rencontre probablement à Paris et qui vit à Boston. C’est donc une période propice à l’évocation des souvenirs de Leningrad.

 

Art Canada Institute, Vladimir Plotnikov, In the Bath House, 1897
Vladimir Plotnikov, Aux bains, 1897, huile sur toile, 115,5 x 148 cm, collection particulière.

Le bain russe, ou banya, est une institution nationale, d’une importance particulière pour les familles ouvrières qui n’ont pas de salle de bain privée. Les hommes et les femmes bénéficient d’installations distinctes. Pour Clark, c’est donc un monde où les femmes peuvent faire leurs ablutions, papoter et se détendre dans une certaine intimité. Elle garde un souvenir ému des sorties au bain avec sa mère.

 

Le sujet n’est pas rare dans la peinture russe, puisqu’il procure à l’artiste l’occasion de peindre un groupe de nus dans des poses très diverses et dans un contexte réaliste, comme en témoignent les nus académiques du dix-neuvième siècle, dont les Baigneuses, 1897, de Vladimir Plotnikov (1866-1917) et les robustes sujets empreints de réalisme soviétique du Bain russe, 1938, d’Alexander Gerasimov (1881-1963). En proposant un point de vue élevé, Clark est en mesure d’embrasser du regard la scène qui se déroule en contrebas, où les petits personnages féminins se livrent rapidement à leur toilette. Le placement des corps est influencé par la configuration spatiale étrange et le mépris total des lois de la perspective conventionnelle qui caractérisent la peinture de son professeur Kouzma Petrov-Vodkine (1878-1939).

 

Ici, les formes stylisées de Clark sont trop petites pour se différencier, mais dans la dernière itération du thème, en 1944, elle replace le spectateur au niveau du sol, où posent des femmes qui ne sont plus idéalisées, de tous âges et de toutes formes, certaines presque impudiques, d’autres avec leurs enfants. L’œuvre toute rose est baignée de lumière. Dans le coin inférieur droit, l’un des personnages, peut-être l’artiste elle-même, regarde le spectateur et semble dire « voici mon monde ».

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