Nature morte revisitée 1955
Au début des années 1950, Molly Lamb Bobak s’attache à faire mûrir son style en travaillant la structure, la couleur et la relation entre les formes. Nature morte revisitée est un exemple éloquent de ses débuts de coloriste. Les gris et les violets de l’arrière-plan cèdent la place à des zones lumineuses arborant des jaunes vifs, des oranges et des touches de rose. Le large pétale blanc retourné semble jaillir du tableau.
Dans un tableau antérieur de Lamb Bobak intitulé Still Life (Nature morte), 1951, l’arrière-plan géométrique sombre contraste nettement avec les couleurs vives, intenses, des fruits oranges et jaunes qui sont au cœur de la composition. La comparaison de ces deux images révèle tout le chemin parcouru par Lamb Bobak dans le maniement des couleurs. Nature morte revisitée n’a rien de la maladresse de la composition précédente, grâce à sa facture expressive et à l’application de couleurs intenses dans des zones précises. L’extraordinaire vivacité des couleurs qui caractérisera la production ultérieure de l’artiste, aussi bien à l’aquarelle qu’à l’huile, est déjà visible.
Au début des années 1950, Lamb Bobak se joint à une communauté de peintres de la côte Ouest, officieusement appelée la « Vancouver School » ou le « West Coast Group ». Ce groupe d’artistes, dont font partie Takao Tanabe (né en 1926), Gordon Smith (né en 1919) et B. C. Binning (1909-1976), l’encourage à adopter le style géométrique d’œuvres telles que Crocus and Thorn (Crocus et épines), 1959. La Galerie nationale du Canada (aujourd’hui le Musée des beaux-arts du Canada) achète A Bakeshop, Saint-Léonard (Une boulangerie, Saint-Léonard), 1951, et choisit deux autres tableaux — un portrait sans nom et une nature morte intitulée « Natureza Morta Com Passaro Cor de Laranja » (peut-être Nature morte, 1951) — pour représenter le Canada à la Bienal de São Paulo en 1953.