The Viewing of Six New Works 2012
Installation vidéo multicanaux, The Viewing of Six New Works crée une galerie d’art abstrait mobile. Chaque projection est un champ de lumière d’une seule couleur, qui va et vient, s’étire et se contracte, et joue devant le spectateur. On peut considérer l’œuvre par rapport aux peintures monochromes de Snow du début des années 1960, comme Green in Green et Lac Clair, et aux œuvres de peintres plus jeunes qu’il admire, tels Ron Martin (né en 1943), originaire de London (Ontario). Mais cette comparaison s’arrête là. L’attention à la surface, que prodiguent Martin et Snow le peintre, n’est pas ici le point de mire. Plutôt, l’expérience de voir éveille des souvenirs d’œuvres emblématiques basées sur des formes géométriques. Le fantôme du peintre russe suprématiste Kazimir Malevich (1878-1935), — son désir d’atteindre « la suprématie de la pure émotion » —, hante la galerie de Snow, particulièrement son Carré rouge de 1915, où la tache rouge n’est pas tout à fait au carré avec la toile, ce qui lui confère une énergie contagieuse. De même, les formes-lumières de couleur pure, dont les formats sont produites par un logiciel d’animation 3D changent constamment. Situer cette œuvre dans un musée d’art, c’est soutenir que même une forme statique, peinture ou sculpture, est une expérience éphémère. Elle change constamment dans la perception d’un spectateur qui vit et respire. Dans ce cas-ci, le spectateur est Snow lui-même. The Viewing of Six New Works a été créée par un logiciel de saisie d’écran qui a suivi et enregistré le mouvement de ses yeux pendant qu’il s’imaginait regarder des images sur un mur.
Comment allons-nous à la rencontre de ces formes géométriques non représentatives qui, dans les années 1960, ont été appelées des « structures primaires »? La clé a toujours été la position du corps qui regarde, savoir où se tenir debout et où s’asseoir. Snow joue d’abord avec cette observation — c’est un jeu sérieux — dans un film intitulé Side Seat Paintings Slides Sound Film, 1970, dont le prétexte est l’arrivée tardive d’un spectateur à l’une de ses conférences sur son travail. Le seul siège qui reste se trouve sur le côté, ce qui signifie que la diapositive projetée semble « déformée », son carré n’est pas franc avec l’écran ou le public. Tout continue de se « dérégler » durant la conférence, chaque mésaventure soulignant la nature de cette expérience cinématographique comme la projection de lumière colorée, synchronisée avec du son enregistré. Quant à The Viewing of Six New Works, l’œuvre est muette, ce qui permet à des conversations de se dérouler dans l’esprit du spectateur, des conversations qui illuminent beaucoup l’expérience de l’art contemporain. Comme spectateur, comment entrer en relation avec une peinture? Ces champs dynamiques de lumière soutiennent l’idée d’un œil qui vérifie et suit constamment le périmètre, cherchant à définir une œuvre par rapport à ses bords jusqu’à son centre, qui lui-même se déplace constamment. Évidemment, ce ne sont pas des peintures, mais d’autres sortes de « nouvelles œuvres ».