Plus Tard 1977
Snow fait les photos de sa série, Plus Tard, au Musée des beaux-arts du Canada, dans une galerie consacrée aux tableaux de Tom Thomson (1877-1917) et du Groupe des Sept. Ces œuvres sont gravées dans la mémoire culturelle canadienne comme fondements d’une école nationale au caractère canadien bien distinct. Bref, elles sont canoniques et l’usage qu’en fait Snow a parfois été interprété comme une appropriation du canon, possiblement œdipienne dans ses désirs. Le nationalisme apparent de cette interprétation est écarté, quand on apprend que Snow a d’abord pensé au concept de base comme un projet qu’il pourrait élaborer dans la salle consacrée à ;Henri Matisse (1869-1954) au Museum of Modern Art de New York.
Ce que Snow trouve d’abord attrayant des deux lieux est la possibilité de traduire une facture picturale en mode photographique : mélanger les couleurs, par exemple, en bougeant l’objectif durant une longue exposition. L’installation au Musée des beaux-arts semble prometteuse en raison de la couleur pure et des surfaces dynamiques, particulièrement la trace des touches dans plusieurs des paysages de Thomson et du Groupe des Sept. Au-delà du sujet, il ne s’agit pas d’une œuvre sur la nature de la peinture, mais quelque chose de purement photographique. Plus Tardparle directement du temps qui crée des images que seul un objectif peut « voir ». Les peintures de paysages sont les sujets, mais Snow est le sujet comme artiste utilisant une machine pour enregistrer ses gestes et mouvements dans l’espace de la galerie. Les photographies sont composées avec beaucoup d’énergie et de diversité, des tremblantes études rapprochées aux assemblages saccadés qui incluent des caractéristiques de la salle. Au fait, cette salle fait elle-même partie de l’histoire culturelle canadienne, car elle se trouve dans l’ancienne Galerie nationale, l’édifice Lorne, rue Elgin à Ottawa.
Snow étend ces considérations spatiales à son encadrement des photographies, qui fait partie inextricablement de l’œuvre. Les épreuves sont suspendues ou placées entre des feuilles de plexiglas, ce qui rend les murs de la salle d’exposition où Plus Tard est accrochée partie de l’œuvre. Les cadres eux-mêmes sont foncés et lourds, et dessinent des rectangles noirs autour de ces vibrantes images colorées du passé. Cette décision permet de lire Plus Tard comme une élégie. Peut-être que « mémoire » est un meilleur nom pour l’œuvre qui, au Canada, éveille des souvenirs de peintures modernes souvent reproduites et, ailleurs dans le monde, évoque l’aura d’une œuvre d’art originale, maintenant absorbée en une autre, qui sera vue plus tard.