Sonate d’automne 1953-1954
Le rythme doux, l’équilibre et le mouvement des formes de Sonate d’automne marquent le type d’abstraction qui intéresse FitzGerald à la fin de sa carrière. La nature peut s’exprimer simplement par les couleurs et les formes. Le titre de l’œuvre, qui évoque des feuilles d’automne ondoyant au rythme d’une sonate musicale, a probablement été donné par l’artiste torontois Bertram Brooker (1888-1955).
FitzGerald rencontre Brooker pour la première fois à Winnipeg au cours de l’été 1929. C’est le début d’une amitié durable marquée par une correspondance animée. Leur relation est fondée sur le soutien mutuel, l’admiration et, parfois, l’influence réciproque. L’art de Brooker passe immédiatement de l’abstrait au figuratif en voyant l’œuvre de FitzGerald à la fin des années 1920, et FitzGerald va dans la direction opposée une vingtaine d’années plus tard lorsqu’il se tourne vers l’abstraction au cours de la phase finale de sa carrière. L’historien de l’art Brian Foss avance qu’il était nécessaire pour FitzGerald de s’engager dans cette voie, résultat de son développement intellectuel et spirituel : « La capture trop obsessionnelle sur papier ou sur toile des détails du monde physique risquait de priver son art de l’analyse quasi mystique qu’il était censé promouvoir. »
Le passage à l’abstraction de FitzGerald a tellement impressionné Brooker qu’il commande à son ami une grande peinture abstraite. FitzGerald peint deux tableaux, Sonate d’automne et April Rhythm (Rythme d’avril), v. 1954, et il offre à Brooker de choisir celui qu’il veut. Cela a fait probablement l’objet d’une discussion entre les artistes lorsque FitzGerald se rend à Toronto en juillet 1953 à titre de membre du jury de l’Exposition nationale canadienne.
Au cours des années 1950, FitzGerald retourne, dans ses dessins abstraits, à la technique qu’il a perfectionnée dans les années 1940, qui consiste à regrouper des petits points et des taches d’encre ensemble comme un amas de limailles de fer magnétisées. Cette méthode lui permet non seulement de s’approcher du type de brossage détaillé qu’il utilise dans ses dernières peintures à l’huile, mais aussi de produire des modulations tonales dans les formes qu’il espère saisir dans l’œuvre achevée. Un dessin préliminaire de FitzGerald, daté de la fin de 1953 sous le titre Study for Autumn Sonata (Étude pour Sonate d’automne), et fondé sur le mouvement ondoyant des feuilles qui tombent, a été divisé en carrés pour être transféré sur le support en masonite de Sonate d’automne.
La palette sobre des gris et des bruns de Sonate d’automne s’accorde avec la saison qui exerce le plus d’attrait pour FitzGerald. « Mais toujours, la délicate palette de couleurs de la fin de l’automne a une qualité particulière des plus satisfaisantes et a dominé ma sélection dans les arrangements de couleurs. »