Cours arrières, rue Water 1927
Les soixante-quatre pointes-sèches et les vingt-huit linogravures attestées de FitzGerald (ainsi qu’une poignée d’estampes, lithographies, pochoirs et monotypes) suggèrent qu’il s’intéresse à la gravure comme moyen de créer des multiples de ses compositions. Étant donné son amour du dessin, il n’est pas surprenant que l’artiste ressente une affinité particulière pour la pointe-sèche, laquelle lui permet de graver une composition directement sur une plaque de cuivre à l’aide d’une aiguille acérée. Les rainures qui s’ensuivent conservent l’encre, ce qui résulte en des lignes riches et veloutées lorsque les œuvres sont imprimées.
La gravure la plus ambitieuse et la plus connue de FitzGerald est une œuvre à la pointe-sèche, Cours arrières, rue Water — le sujet est le chaos visuel d’une cours arrière, près de la Winnipeg School of Art, que FitzGerald transforme en objet de beauté, réduit à ses seuls plans et contours essentiels. Après un dessin au crayon soigneusement rendu sur une trame quadrillée en vue de son report sur la plaque de cuivre, suivi de modifications mineures, l’image est tout simplement gravée dans cette matrice. La plaque est ensuite recouverte d’encre, puis essuyée pour ne garder que ce que contiennent les rainures, puis imprimée sous presse.
Un aspect de la gravure qui plait sans doute à FitzGerald est la possibilité de créer une composition par états, ou étapes, lui permettant ainsi de noter ses progrès du début à la fin. Il apprécie sans doute également la possibilité de pouvoir contrôler l’ajout de détails et d’ombrage d’une image à l’autre. Dans les cinq premiers des six états de Cours arrières, rue Water, FitzGerald retravaille la plaque et ajoute différents éléments, réalisant quelques impressions à chaque fois pour vérifier ses progrès vers la version finale. Il existe onze copies connues du sixième et dernier état de cette gravure.
FitzGerald est constamment attiré par les cours recouvertes de neige de Winnipeg. La couche de neige confère un calme et une harmonie à une arrière-cour remplie de débris. Les arbres, bien que dénudés de leurs feuilles, ajoutent un élément doux et vivant à un environnement purement manufacturé.