Tourné vers le cosmos 1980-1985
Dans cette œuvre représentative de la période expressionniste (1970-1990) de Lemieux, le champ pictural fait toute la place à l’Homme en quête de sens. Au cœur du propos, un personnage, apparemment jeune, tourne les yeux vers le ciel. L’immensité de la voûte céleste, faiblement animée par les lueurs stellaires, remplace les vastes étendues d’une nature terrestre auxquelles Lemieux nous a habitués. La surface de sa toile laisse voir l’empreinte d’un homme qui, au terme de son existence, donne forme aux craintes que lui inspire la destinée humaine. Ses visions tourmentées se traduisent par l’emploi d’une matière picturale épaisse qu’il applique au moyen de larges et virulents coups de brosse. Les couleurs sombres dominent les tableaux des années 1980, qui portent des titres inquiétants comme Le soleil de la guerre, v. 1982, Hiver nucléaire, 1986, L’enfer ce sont les autres, 1987, ou Angoisse, 1988.
Peinture tragique, Tourné vers le cosmos s’inscrit dans la lignée de l’expressionniste Edvard Munch (1863-1944), dont Lemieux partage la sensibilité nordique. Le Cri de Munch résonne, près d’un siècle après sa création, avec le retour à la figuration dans la peinture néo-expressionniste de la fin des années 1970 en Europe et en Amérique du Nord.
Lorsque l’historienne de l’art Marie Carani rencontre le peintre, alors âgé de 85 ans, ce dernier affirme ne pas connaître les développements de la peinture récente, même s’il convient partager des sentiments communs avec elle. Retranché dans ses terres à L’Isle-aux-Coudres, Jean Paul Lemieux pratique un art toujours vivant d’actualité qui demeurera, jusqu’à la fin, foncièrement indépendant.