Soleil d’après-midi 1933
Soleil d’après-midi est une œuvre de jeunesse, réalisée avant même que Jean Paul Lemieux n’achève sa formation à l’École des beaux-arts de Montréal. Elle montre qu’il a assimilé les principes mis de l’avant par le Groupe des Sept (Edwin Holgate, le professeur que Lemieux préférait à l’École, se joint au groupe en 1930), en interprétant de manière subjective le paysage. Depuis longtemps, il est gagné par les vues majestueuses de Charlevoix, rythmées par des vallons et des caps aux hauteurs vertigineuses, coin de pays qu’ont fréquenté Arthur Lismer (1885-1969) et A. Y. Jackson (1882-1974) en 1925, avec l’ethnologue Marius Barbeau (1883-1969).
Ici, Lemieux peint les caps des Éboulements qui avancent dans l’eau. Il limite à l’extrême les traces d’occupation humaine, privilégiant la succession des plans horizontaux de la terre et de l’eau jusqu’aux montagnes qui ferment l’espace. Celles-ci découpent des diagonales dans un ciel animé par des cumulus perçus en contre-plongée et qui donnent l’impression de progresser en accéléré.
Dans la foulée du Groupe des Sept, Lemieux utilise une écriture vigoureuse, dominée par une pâte généreuse et de puissants contrastes de couleurs. L’unité de la composition se soumet au rythme de cette nature énergique, sur laquelle le peintre projette la lumière vivifiante d’un après-midi d’été.