frise de l’atelier (détail) 1893-1894
Peu après leur mariage en 1881, Homer et Roxa Watson louent la partie supérieure de la maison solidement construite de l’un des fondateurs de Doon, Adam Ferrie. Watson transforme l’une des pièces en atelier de peinture. Plus tard, Homer et Roxa achètent la propriété toute entière et y vivent jusqu’à la fin de leur vie. En 1893, la carrière de Watson est florissante, et il profite de son revenu confortable pour agrandir son atelier et la maison. Il décore ensuite la portion agrandie et l’atelier d’origine d’une frise peinte qui fait, encore aujourd’hui, tout le tour des murs, juste en dessous du plafond.
La frise est un hommage à treize peintres paysagistes européens particulièrement admirés par Watson : Claude Lorrain (v.1600-1682), John Constable (1776-1837), Jean-Baptiste-Camille Corot (1796-1875), Charles-François Daubigny (1817-1878), Narcisse Díaz de la Peña (1807-1876), Thomas Gainsborough (1727-1788), Meindert Hobbema (1638-1709), Jules Bastien-Lepage (1848-1884), Jean-François Millet (1814-1875), Salvator Rosa (1615-1673), Théodore Rousseau (1812-1867), J. M. W. Turner (1775-1851) et Jacob van Ruisdael (1628-1682). Les noms de tous les artistes sont peints en majuscules. Chaque nom est superposé d’un ou (plus rarement) deux petits paysages réalisé par Watson dans le style de l’artiste. La décision de mettre l’accent sur les artistes européens explique peut-être l’absence autrement déconcertante de paysagistes américains sur la murale, y compris, et surtout, George Inness (1825-1894).
D’après Watson, tout art digne d’intérêt est fondé sur la tradition. La frise de son atelier offre la confirmation visuelle de cette conviction en rendant hommage aux peintres européens qu’il admire le plus — tout comme la majorité des autres peintres paysagistes canadiens. Les similitudes entre son travail et celui de Constable et des artistes de Barbizon (Corot, Daubigny, Díaz de la Peña, Millet et Rousseau) sont au cœur de la réputation de Watson depuis qu’Oscar Wilde a attiré l’attention du public sur cette parenté en 1882. De plus, Watson emprunte parfois des motifs de composition à d’autres artistes. Ainsi, par exemple, The Pioneer Mill (La vieille scierie), 1886 de Watson rappelle van Ruisdael. La frise de l’atelier est donc autant un clin d’œil personnel aux artistes qui ont enrichi l’œuvre de Watson qu’une reconnaissance de la riche histoire de la peinture de paysage.