Clair de lune, déclin de l’hiver 1924
Clair de lune, déclin de l’hiver montre un arbre proéminent et quelques maisons aux proportions bizarres dans un paysage d’hiver tardif, les sillons surélevés des champs partiellement recouverts de neige fondante. Le tableau illustre les changements techniques et stylistiques des toiles de Watson au cours des années 1920. Auparavant, ses huiles plus grandes sont conçues en studio, à l’aide de dessins sur place. Watson combine et modifie alors les dessins pour créer des compositions complexes dans lesquelles il tente de communiquer des vérités profondes sur le monde naturel et ses réactions à celui-ci.
En 1923, Watson fait l’acquisition d’une voiture, ce qui change ses techniques et son style. Il peut maintenant transporter de l’équipement encombrant, et pour la première fois, de solides cartons bois pour peindre à l’extérieur. Clair de lune, déclin de l’hiver n’a pas été par la suite travaillé à l’huile sur toile dans son atelier. Il semble cependant avoir continué à y travailler pendant les jours et les semaines qui ont suivi son premier voyage de peinture. D’autres œuvres à l’huile sur panneau datant du début des années 1920 semblent n’avoir reçu que peu ou pas de travail supplémentaire en atelier.
Le sujet de ce tableau indique un autre changement dans l’art de Watson au cours des années 1920 et 1930. Dans ses œuvres précédentes, Watson favorise les scènes de printemps, d’été et d’automne et évoque souvent des effets atmosphériques en peignant des paysages nuageux au crépuscule ou peu de temps avant ou après un orage. Clair de lune, déclin de l’hiver et d’autres tableaux des dernières années de sa carrière perpétuent sa curiosité pour les effets transitoires d’atmosphère et de lumière, mais ils se concentrent sur les temps de passage entre les saisons, en particulier entre l’automne et l’hiver (comme dans Early Winter (Début de l’hiver), v.1930), et entre l’hiver et le printemps. « Le champ labouré qui émerge de la neige en mars est propre au Canada dans ses régions pastorales », écrit Watson, alors qu’il achève Clair de lune, déclin de l’hiver. « J’ai toujours ressenti la ligne et le rythme des formes de la terre ainsi révélées, et j’espère que les autres les verront, eux aussi.»
Comme beaucoup de peintures de Watson des années 1920 et 1930, l’œuvre révèle que l’artiste utilise une palette moins sombre que celle qu’il emploie au cours du quart de siècle précédent dans des toiles telles que Country Road, Stormy Day (Route de campagne, jour d’orage), v.1895, et The Flood Gate (Porte d’écluse), v.1900-1901. À plusieurs endroits, la peinture — en grande partie des nuances de blanc, rose et violet — est appliquée avec beaucoup de texture et en plusieurs couches. « Parfois, je me permets une petite folie », écrit Watson, avec apparemment en tête les innovations de Clair de lune, déclin de l’hiver,
bien que mes amis, mes protecteurs, je veux dire, pensent et disent que je suis sur le droit chemin de la perdition si je continue ce crime… Il y a des années, toute folie de ce genre, pour moi au moins, devait être reléguée dans les limbes des choses oubliées. Il y avait et il y a encore l’insistance idiote de garder un peintre à pincer la corde dont on aime la mélodie, mais je trouve la nature pleine de variété.