Septembre ensoleillé 1913
Septembre ensoleillé est une scène agréable représentant une femme et des enfants qui semblent en excursion touristique. Leurs robes blanches soignées suggèrent qu’elles ne sont pas des filles locales, mais des touristes de classe moyenne jouissant de la vue. Durant la période édouardienne, le tourisme était une forme relativement récente de loisir et des scènes d’excursions journalières étaient des sujets populaires pour les impressionnistes français et américains. Les scènes de plage de McNicoll rejoignent celles d’artistes comme Claude Monet (1840-1926) et Childe Hassam (1859-1935) dans la représentation d’un thème moderne – thème qu’elle reprend dans On the Cliffs (Sur les falaises), 1913, et dans d’autres vues de plage ou de bord de mer. De manière quelque peu exceptionnelle, le sujet de McNicoll dans Septembre ensoleillé n’est pas la vue naturelle et calme traditionnellement recherchée par les touristes, mais les touristes eux-mêmes saisis dans l’acte de regarder.
Septembre ensoleillé est aussi une œuvre significative en ce qu’elle révèle l’habileté de McNicoll à représenter la lumière du soleil – la qualité que les critiques de son travail ont louée le plus systématiquement. Sa chronique nécrologique dans le Montreal Gazette note « l’habileté dans la représentation de la lumière et de l’ombre », concluant que « la forte lumière du soleil était ce qui l’attirait le plus. » Des commentaires récents célèbrent ces mêmes qualités, ses représentations « de la lumière brillante du soleil », ses « heureuses harmonies de couleur » et « sa préoccupation dans le rendu des effets de lumière d’un soleil brillant. » Dans cette œuvre où trois personnages se tiennent debout sur une colline herbeuse regardant au-delà de la plage, l’artiste représente les effets du soleil sur une variété de surfaces : les ombres accentuant la brillance des robes blanches, les joues bronzées de la figure principale, les herbes alternativement tachetées de vert foncé et de jaune blanchi, et la rencontre brumeuse de bleu entre le ciel et la mer.
Comme dans beaucoup d’œuvres de McNicoll, les sens sont sollicités dans Septembre ensoleillé : le spectateur imagine la chaleur du soleil, l’odeur de l’océan et le son bruissant des longues herbes. Dans les mots du critique canadien Hector Charlesworth : « on peut ressentir la douce brise dans ce tableau. » Pourtant, comme si souvent chez McNicoll, il y a aussi un sentiment de détachement : les personnages ne s’engagent pas les uns envers les autres, pas plus qu’ils ne communiquent avec le spectateur. Kristina Huneault suggère que cette caractéristique fréquente du travail de McNicoll puisse être un résultat, peut-être, de sa perte d’audition alors qu’elle était enfant.
Cette toile a été exposée à la Royal Society of British Artists, quand McNicoll est élue à cette institution prestigieuse, et a reçu des commentaires positifs dans la presse à Toronto, à Montréal et à Londres. The Studio inclut une reproduction de l’œuvre dans un article qui cite le travail de McNicoll à côté de celui d’A. Y. Jackson (1882-1974), de Laura Muntz Lyall (1860-1930) et de pairs impressionnistes canadiens comme Marc-Aurèle de Foy Suzor-Côté (1869-1937) et Clarence Gagnon (1881-1942). L’auteur les salue comme la preuve évidente et passionnante « d’un art distinctement canadien. »