Maison de campagne, soirée v. 1905
Maison de campagne, soirée représente une petite maison de paysan, baignée des tons chauds du soleil couchant, vue depuis un chemin isolé. Bien qu’il n’y ait aucun personnage dans cette œuvre, la lueur rayonnante d’un feu de cheminée, se laissant deviner par la fenêtre, rend cette maison de campagne accueillante et intime, tandis que le chemin au premier plan guide le spectateur dans la scène. Cette peinture révèle le goût de McNicoll pour les thèmes ruraux, un sujet qu’elle a beaucoup exploité. C’est aussi une caractéristique de ses premières œuvres, comme Village Street (Rue de village), 1904, et The Rendezvous (Le rendez-vous), 1904, campées au sein de villages ou en bord de mer, mais sans présence humaine pour les animer.
Bien que la touche légère pour rendre la verdure se rapproche des principes impressionnistes, Maison de campagne, soirée ne présente pas encore cette qualité d’étude de lumière et d’atmosphère pour laquelle McNicoll devient bientôt reconnue. La peinture a probablement été réalisée pendant ou juste après son séjour à la Cornish School of Landscape and Sea Painting, à St Ives en Cornouailles, et révèle l’influence du style naturaliste et de la technique du plein air dans lesquels l’école s’est spécialisée. Quand Emily Carr (1871-1945) fréquente l’école quelques années avant McNicoll, elle se plaint que son professeur, l’artiste suédois Julius Olsson (1864-1942), lui ait commandé de peindre à l’extérieur : « Allez là-bas » (il indiquait du doigt les sables éblouissants), « dehors, à la lumière éclatante du soleil – PEIGNEZ ». Carr n’avait aucune patience pour peindre la lumière du soleil, mais McNicoll, de toute évidence, prenait ses leçons à cœur.
Maison de campagne, soirée montre aussi l’influence persistante de l’école de La Haye, un mouvement artistique hollandais populaire à la fin du siècle à Montréal. Les archives indiquent que la famille McNicoll possédait au moins deux œuvres de Jan Weissenbruch (1824-1903) et, qu’en 1912, McNicoll a vu des peintures de Jozef Israëls (1824-1911) lors d’une exposition londonienne. L’art de cette école se caractérise par une approche sur le motif de scènes campagnardes et par une palette sombre, voire lugubre. Même si les tons plus obscurs de la scène du soleil couchant de McNicoll rappellent cette tradition, le contraste entre les murs blanchis de la maison de campagne et la touche brillante de lumière orange surgissant de la fenêtre, annoncent déjà le futur intérêt de l’artiste pour une palette plus colorée.