Ensemble de quatre pièces 1965-1967
Pendant plusieurs années, Greg Curnoe réalise des collages conventionnels qui se transforment, de 1965 à 1968, en une cinquantaine de collages découpés, qu’il appelle cutouts. La plupart représentent des parties du corps — nez surmonté d’yeux cerclés de lunettes rondes, moustache (celle de Curnoe, luxuriante, état renommée), lèvres et mentons. Il en combinera certaines pour créer six ensembles évoquant des personnages caricaturaux plus grands que nature. Cet assemblage de quatre éléments constituent le point culminant de l’intérêt de Curnoe pour le collage.
Inspiré par le dadaïsme, en particulier par les collages de Kurt Schwitters (1887-1948), Curnoe en propose ici sa propre version en créant une autre forme d’autobiographie ou d’autoportrait. Pour fabriquer ces découpages, il taille des silhouettes en papier qu’il colle sur des supports en bois épousant leurs contours. Ensuite, il réalise un collage en puisant dans sa collection de documents éphémères qu’il applique sur ces supports en en suivant soigneusement les bords. Pour terminer, il visse par-dessus chaque forme un morceau de Plexigas prédécoupé pour la protéger. Le cadre devient ainsi une partie intégrante de l’œuvre qui se transforme en objet tridimensionnel. Dans son film R 34, Jack Chambers (1931-1978) montre Curnoe en train de faire un de ses collages.
L’artiste Robert Fones (né en 1949) remarque : « Ces collages découpés […] représentent l’esprit de Curnoe, ses perceptions, ses souvenirs et les rapports qu’il perçoit entre les objets qu’il décide de rassembler sur un collage. » Dans cet ensemble de quatre éléments, nous voyons avec quel soin les objets collés sont choisis : deux formes circulaires, renforcées par des vis bombées, sont appliquées à l’endroit où se trouveraient les yeux; les couleurs complémentaires sont juxtaposées; le trait noir de l’étiquette de conserve de corned-beef représente la racine du nez; du papier rayé orne le col de la chemise.
Curnoe fait encore appel au collage et à l’assemblage pour certaines de ses œuvres tardives, comme View of Victoria Hospital, Second Series (Vue de l’hôpital Victoria, deuxième série), 10 février 1969 – 10 mars 1971. Toutefois, cette série représente l’application la plus accomplie et la plus originale de ces techniques. Ce sont aussi ses autoportraits les plus inusités.