Été G 1978
Été G est un parfait exemple de l’utilisation continue que fait Gershon Iskowitz, à la fin des années 1970, du format diptyque et d’un rouge dominant — le « rouge Iskowitz ». Il utilise ici un mélange complexe de petits ovoïdes rouges qui créent des formes biomorphiques comparables à celles des formes centrales audacieuses des diptyques Uplands (Hauteurs). De petits ovoïdes bleus, violets et verts flottent sur les deux panneaux, tant sur les figures rouges que sur le sol neutre gris-blanc. Comme pour les séries Lowlands (Basses-terres) et Little Orange Painting II (Petit tableau orange II), les formes rouges peuvent être des espaces négatifs ou positifs. Ce jeu fluctuant présente une inversion de la perspective atmosphérique — un mécanisme utilisé par les peintres paysagistes depuis le seizième siècle où les couleurs plus claires et plus froides semblent être à l’arrière-plan et les couleurs plus vives à l’avant-plan. Dans ses œuvres abstraites, Iskowitz embrasse les deux options.
Les ovoïdes créent un équilibre et une harmonie générale entre les deux toiles, mais les formes rouges ont une division dure et abrupte au centre. Dans son approche du diptyque, Iskowitz est unique : la plupart des autres artistes créent une seule composition sur deux toiles liées. Dans Été G, la ligne centrale est activée par un mauvais alignement apparent des formes rouges, qui ne se correspondent pas au milieu, créant ainsi un paradoxe directionnel. Les formes rouges peuvent se déplacer vers le centre ou s’éloigner. Inversement, la forme droite peut être descendante et la forme gauche ascendante, ou le contraire. Mais comme Iskowitz l’a déjà établi dans des travaux antérieurs comme Paysage d’automne #2, 1967, et Basses-terres no 9, 1970, toutes ces possibilités peuvent constituer un potentiel multidirectionnel de perspectives et de perceptions.