Septuor des aurores boréales no 3 1985
En 1984-1985, Gershon Iskowitz réalise vingt-deux tableaux, aussi bien des toiles seules que des diptyques, intitulés Septuor des aurores boréales. Tous ont des compositions similaires, avec des mouchetures ovoïdes clairement exprimées sur les fonds. Également en 1984, il se lance dans cinq œuvres à panneaux multiples qui renvoient à la forme arrondie de la peinture à trois panneaux d’Uplands (Hauteurs), 1969-1970. Iskowitz utilise le terme « polyptyque » pour décrire ces œuvres en raison de l’illusion de sept éléments qui se chevauchent, mais il les a en fait peintes sur trois sections distinctes mais reliées. Ces œuvres sont les premières qu’il crée sur des toiles montées sur un ingénieux support en contreplaqué avec des cercles découpés dans le contreplaqué pour réduire le poids. Les variations de Septuor ont des formes et des dimensions identiques.
Septuor des aurores boréales no3 est la seule œuvre d’Iskowitz qui a été accompagnée d’un communiqué de presse de la Gallery Moos. Dans ce texte, Iskowitz revient sur ses souvenirs et son inspiration du voyage de 1967 à Churchill, au Manitoba, mais il souligne également sa philosophie de travail actuelle : « C’est la peinture la plus récemment achevée qui est la plus importante ».
L’importance réside dans la série de peintures.
J’avais depuis longtemps en tête de peindre un polytyque où je pouvais vraiment créer beaucoup d’espace et de profondeur en termes de ciel et de forme en vol. J’ai dessiné de nombreux plans pour développer les formes de ce polytyque et, par essais et erreurs, j’ai fait évoluer cette forme. Je dois mettre en garde le spectateur : tout le tableau est à plat sur le mur! Il n’est pas tridimensionnel. Maintenant, prenez un autre moment et regardez à nouveau, car chaque forme formant le polytyque est différente, et pourtant la composition entière est harmonieuse. Il me semble que la forme en sept parties de la toile est quelque chose de nouveau, comme personne ne l’a jamais fait auparavant, et j’estime qu’un tel tableau, si on le voit en réalité, traduit très bien ce que je voulais dire.
Le paradoxe de la direction et du mouvement est maintenant réalisé par une distorsion optique prononcée dans les panneaux gauche et droit, qui comprennent chacun trois pièces en forme d’arc qui se chevauchent. Le panneau central de chacun des Septuors est le seul qui ne soit pas déformé.
Aucun système de couleur apparent n’y est appliqué, bien que le no 3 ainsi que deux autres Septuors aient un panneau central bleu foncé. Les deux autres ont, respectivement, un panneau central rouge et un orange. La couleur de fond la plus fréquemment utilisée — dans quatre des Septuors — est le bleu, et celui qui reste est violet. Il n’y a pas non plus de progression perceptible dans la distribution des mouchetures ovoïdes, bien qu’elles suivent la disposition en colonnes des tableaux de la série Four Seasons (Quatre Saisons) de 1967. Le conservateur Roald Nasgaard écrit :
[Les Septuors sont comme] des tablettes géantes ou des vitraux, ou des segments de retable. D’un point de vue stylistique, ces œuvres ressemblent à des paysages abstraits en colour-field, mais Gershon a haussé la barre de l’expressivité. Ils sont moins lyriques, plutôt stridents, les couleurs sont intenses plutôt que lumineuses. Ils sont magnifiques mais non anodins, plus hiératiques que profanes. Qu’est-ce qui avait précipité une telle réorientation vers quelque chose de mystique? Nous ne pouvons que spéculer.