Corne d’abondance 1982
Sous la forme d’un documentaire muséal, Corne d’abondance raconte l’histoire fictive du Pavillon Miss General Idea 1984 et de sa destruction par le feu en 1977. La vidéo fait partie d’une installation intitulée Cornucopia: Fragments from the Room of Unknown Function in the Villa Dei Misteri of the 1984 Miss General Idea Pavillion (Corne d’abondance : fragments provenant de la pièce à usage inconnu de la Villa dei Misteri du Pavillon Miss General Idea 1984), à laquelle elle emprunte des objets comme les phallus en céramique, qui en deviennent l’imagerie centrale.
Corne d’abondance alterne images statiques et clips, y compris des scènes à l’éclairage et à la couleur variables, des formes phalliques en céramique tournant sur elles-mêmes et des dessins, le tout souvent accompagné de musique. Une voix hors champ nous renseigne sur General Idea, mais le narrateur mine l’autorité de ces propos en multipliant les allusions grivoises et les jeux de mots douteux. La vidéo explique la destruction du Pavillon, événement fictif censé s’être produit en 1984, qui permet au groupe de jouer le rôle d’archéologues et de créer les ruines présumées du Pavillon. Le narrateur explique que General Idea « a réintroduit la destruction dans le processus architectural ».
Le spectateur peut voir des documents sur le Pavillon, notamment des dessins au trait en noir et blanc évoquant les principaux éléments de l’esthétique du groupe, par exemple le motif étagé de la ziggourat, symbole visuel récurrent de son œuvre. Le caniche, comme référence à l’identité sexuelle du trio, est un autre symbole privilégié. Le narrateur souligne justement l’importance de l’animal et, en particulier, « son image banale et veule, son désir d’être pomponné et coiffé avant de paraître en public ». Enfin, la vidéo reprend d’autres icônes et projets, comme le Colour Bar Lounge (Salon Mire à barres), élément du Pavillon mis en scène dans la vidéo Test Tube (Tube à essai), 1979.
Corne d’abondance est significative en ce qu’elle dévoile une bonne part du langage et de l’iconographie exploités par General Idea au début des années 1980, éclairant les multiples niveaux de ces projets autoréférentiels. La vidéo démontre en outre que le trio continue de jongler avec la fiction et la réalité, cette fois en explorant des ruines inventées sous une forme qui suggère l’autorité.