En Télécharger le livre Tous les livres d’art Accueil

Le peintre 1974

William Kurelek, Le peintre, 1974

William Kurelek, The Painter (Le peintre), 1974

Techniques mixtes sur panneau comprimé, 121,9 x 91,4 cm

Collection Thomson, Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto

Art Canada Institute, William Kurelek,
William Kurelek, Kurelek’s Canada (1975).
Art Canada Institute, William Kurelek,
William Kurelek et sa Coccinelle Volkswagen, v. 1963.

Dans cet autoportrait tardif, complété trois ans avant sa mort, Kurelek se représente en train de peindre dans une Volkswagen Coccinelle rouge, devant une large bande de vert et un ciel de prairie expansif, pendant une des excursions de peinture qu’il fait presque chaque année dans l’Ouest du Canada, à partir de 1963. Dans cette œuvre, nous avons une vue rare et furtive d’un Kurelek qui a laissé tomber sa garde, immergé dans son travail et apparemment calme face à l’état du monde. Cadré par un tracé sinueux de feuilles d’érable, Le peintre devient l’image la plus célèbre du cycle des Heureux Canadiens, qui a été publié en tant que livre en 1975, Kurelek’s Canada (Le Canada de Kurelek).

 

Le tableau est atypique en ce qu’il célèbre la vie, l’art et le monde naturel de façon résolue et sans équivoque. On ne retrouve pas les vignettes qui viendraient nuancer le propos et qui apparaissent dans plusieurs œuvres de Kurelek montrant des paysages agraires joyeux – tels les signes de l’ambivalence de la nature, la difficulté du travail de ferme, les facéties sauvages de la jeunesse, ou un nuage atomique perché à l’horizon exhibant la folie de l’humanité.

 

Situé dans le « foyer spirituel, esthétiquement parlant » de l’artiste – le marécage Oak Hammock, à l’est de l’ancienne ferme familiale près de Stonewall, au Manitoba – ce site est un endroit de « paix et de refuge » pour Kurelek enfant et adolescent. On retrouve une grande partie des sources visuelles de ce tableau dans les photographies noir et blanc que Kurelek avait prises lors du premier voyage de dessin qu’il avait fait au Manitoba plus d’une dizaine d’années auparavant.

 

« Pendant ce voyage », se remémore-t-il, « je vivais, mangeais, dormais et travaillais dans une Coccinelle de Volkswagen. J’ai fait l’expérience d’un après-midi entier extatique … J’ai photographié les ciels pendant tout l’après-midi, et quand la nuit est tombée, j’ai travaillé à mes tableaux, éclairé par la lumière sur le plafond de la voiture ». Bien qu’ancré dans l’autobiographie et le souvenir, Le peintre n’est ni l’un ni l’autre. À l’instar de Reminiscences of Youth (Souvenirs d’enfance), 1968, Le peintre est une méditation sur la nostalgie, projetant une scène venant du passé, mais montrant en même temps l’artiste en train de reconstruire cette scène.

Télécharger Télécharger