Chandelles miroitant autour des défunts lieux sacrés du jour 1970
Cette œuvre présente les souvenirs qu’a l’artiste des aurores boréales lors de la saison des récoltes en Alberta. « Pendant ces journées d’automne », écrit Kurelek, « quand le battage se poursuivait après le coucher du soleil, il pouvait y avoir une année ou deux pendant lesquelles les aurores boréales présentaient un spectacle épatant et émerveillant ». Bien que le ciel bleu illuminé par le soleil prenne une place importante dans plusieurs tableaux de Kurelek ayant pour cadre le paysage des Prairies, Chandelles se distingue en ce qu’il met en évidence la sublimité sombre du vaste ciel de nuit. La représentation du paysage nocturne crée un environnement particulièrement spirituel pour la réflexion de Kurelek au carrefour de l’existence mortelle immanente et de la transcendance divine.
Exposée pour la première fois en novembre 1970 à la Galerie Isaacs de Toronto, cette œuvre est l’une de plusieurs scènes nocturnes, comme Thy Young Skyey Blossoms (Tes jeunes fleurs de ciel), 1970, et All Things Betray Thee Who Betrayest Me (Toutes choses te trahissent, toi qui m’a trahi), dans le cycle Nature, Poor Stepdame (Nature, pauvre belle-mère). L’amour de Kurelek pour le monde naturel s’est développé durant son enfance. Cette affection grandissante a ensuite été influencée par la poésie romantique à thématique naturelle écrite par William Wordsworth, Samuel Coleridge et d’autres écrivains que le peintre étudie à l’Université du Manitoba.
Si Kurelek a eu tendance à fixer son attention sur les actions des personnes – que ce soit des fermiers, des immigrants, des figures bibliques, des membres de sa famille, ou encore lui-même – le monde naturel a toujours été plus qu’une simple toile de fond neutre. Après sa conversion au catholicisme en 1957, la nature devient la scène principale sur laquelle les personnages humains de Kurelek rencontrent des indices du divin.
Pour tous les titres des œuvres du cycle Nature, pauvre belle-mère, et pour celui du cycle lui-même, Kurelek a puisé dans le poème The Hound of Heaven (Le chien du paradis) de 1893 du poète victorien Francis Thompson qui, comme Kurelek, s’est converti au catholicisme à un âge plus avancé. Son poème cherche à distinguer Dieu de la nature au moyen de l’ambivalence de cette dernière envers l’humanité.