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L’Annonce de Marie corédemptrice v.1922-1932

Ozias Leduc, L’Annonce de Marie corédemptrice, v.1922-1932

Ozias Leduc, L’Annonce de Marie corédemptrice, v.1922-1932

Huile sur toile marouflée, 451 x 230 cm

Chapelle de l’évêché de Sherbrooke, Patrimoine culturel du Québec

L’Annonce de Marie corédemptrice fait partie du décor de la chapelle privée de l’évêché de Sherbrooke, une des productions les plus réussies de Leduc, réalisée grâce à la parfaite collaboration avec l’architecte Louis-N. Audet (1881-1971) et l’approbation de l’évêque de Sherbrooke, Mgr Paul Larocque (1846-1926). Le bâtiment d’esprit néo-gothique logé au cœur du palais épiscopal offre quatre espaces sur les murs de la nef pour recevoir autant de tableaux portant sur le thème de la participation de la Vierge Marie au salut des hommes : Marie corédemptrice.

 

Ozias Leduc, Esquisse en couleurs pour la décoration de la chapelle de l’évêché de Sherbrooke : étude pour « L’Annonce de Marie corédemptrice », v.1922, huile et mine de plomb sur carton, 43,3 x 26,8 cm, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa.
Ozias Leduc, Esquisse en couleurs pour la décoration de la chapelle de l’évêché de Sherbrooke : étude pour « La Crucifixion », v.1922, huile et mine de plomb sur carton, 43,3 x 25,5 cm, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa.

La composition s’organise sur trois niveaux (premiers parents, Marie, Dieu), sur un axe central entouré d’une mandorle sur lequel viennent se poser deux triangles, l’un ascendant dans lequel sont inclus Adam et Ève et l’autre, descendant, où se trouve la Vierge. Ce schéma est repris dans les quatre tableaux. L’unité du décor est constituée de l’ensemble des éléments iconographiques et de la composition. Elle provient également de la palette utilisée, faite d’outremer, d’or et d’ocre, qui rappelle les motifs peints de la voûte et des colonnes et qui confère à l’ensemble l’esprit d’un écrin, somptueux refuge dans un monde imaginaire.

 

Le sujet est relativement rare dans l’iconographie chrétienne. Il est traité au début du dix-septième siècle à l’église San Lorenzo in Lucina (Rome). Plus près de nous, Ludger Larose (1868-1915) l’a représenté en 1892 dans la chapelle Notre-Dame du Sacré-Cœur de l’église Notre-Dame de Montréal (détruit). Ce choix s’inscrit dans un mouvement de grande dévotion à la Vierge marquant la province de Québec depuis la fin du dix-neuvième siècle. La proclamation du dogme de l’Immaculée conception en 1854, et les apparitions de la Vierge à Lourdes en 1862, et à Fatima en 1917, soutiennent cette dévotion qui se caractérisait, entre autres, par la récitation quotidienne du chapelet en famille. Plutôt que d’insister sur ces événements récents, Leduc réfère au rôle central qu’a joué la Vierge comme mère de Dieu. En plus de la scène de l’Annonce de Marie corédemptrice, l’on retrouve celle de l’Annonciation et, sur le mur d’en face, le Recouvrement de Jésus au temple et la Crucifixion. Ainsi, la Crucifixion fait face à la scène où la Vierge apparaît à Adam et Ève après qu’ils aient été chassés du Paradis terrestre et que Dieu promit d’envoyer son Fils pour racheter le péché originel. Si l’on compare le traitement de la Vierge dans L’Annonce de Marie corédemptrice à celui du Christ dans La Crucifixion, on voit qu’ils se font écho, la Vierge empruntant une position comparable à celle du Christ mourant.

 

 

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