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Erato (Muse dans la forêt) v.1906

Ozias Leduc, Érato (Muse dans la forêt), v.1906

Ozias Leduc, Erato (Muse dans la forêt), v.1906

Huile sur carton, 27,9 x 22,9 cm

Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa

Erato, l’une des neuf Muses, est associée à la poésie érotique. Leduc la représente nue, debout, la tête relevée, son abondante chevelure retombant dans son dos. Sa lyre posée près d’elle sur une roche. Son corps est au repos, dans une position de contrapposto, attitude qui la relie aux représentations de la sculpture grecque. Une main touche la pierre sur laquelle est placé l’instrument de musique, reliant la Muse à la fois à la nature qui l’entoure et à son chant poétique. Elle semble dans une transe, s’adressant à une force supérieure comme entraînée par cet environnement mystérieux.

 

Henri Matisse, Nu dans la forêt, 1909-1912, huile sur toile, 41,9 x 32,4 cm, Solomon R. Guggenheim Museum, New York.

L’avant-plan du tableau où elle se tient est placé dans l’ombre, pourtant son corps irradie de lumière et projette sur le centre de la toile un faisceau lumineux qui permet de voir le tronc lisse des arbres qui l’entourent à distance, sur la montagne escarpée qui ferme l’espace pictural. L’effet est celui d’un halo qui encercle la figure et irradie autour d’elle réunissant l’arrière et l’avant-plan, la nature et la figure.

 

Les thèmes de la femme dans la forêt et de la muse ont souvent été traités par les artistes de la fin du dix-neuvième siècle, qu’ils soient préraphaélites, symbolistes, nabis ou même fauves, pensons aux nymphes d’Alphonse Osbert (1857-1939) ou à Henri Matisse (1869-1954) avec, par exemple, Nu au paysage ensoleillé, 1909-1912. Le décor sylvestre semble propice à la rencontre de l’artiste avec la femme aimée, y compris celle désirée par-dessus tout, la muse, capable de porter les sources créatrices et de lui permettre d’enfanter son art.

 

La muse et la montagne sont indissociables pour Leduc qui projette sur le mont Saint-Hilaire un univers spirituel et sacré. Dans son récit L’histoire de Saint-Hilaire on l’entend, on la voit, l’artiste la décrit comme « remplie d’images de rêves qui peuplent les accidents de la matière. » Il continue : « Nous sommes au domaine entendu des élus de l’art, des poètes, des maîtres du son, domaine sacré et sans limite. »

 

Réalisée au moment où Marie-Louise Lebrun (1859-1939) vient habiter Correlieu, la toile Érato (Muse dans la forêt) reprend un sujet traité à quelques reprises en 1897-1898. Ces tableaux seront acquis par des amis de Saint-Hilaire, le couple Fernande Choquette et Édouard Clerk, qui pouvait sans doute en apprécier toute la subtilité et toutes les significations que Leduc leur accordait.

 

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