Femme fatiguée 2008
La magistrale sculpture Femme fatiguée a pour thème principal la fatigue — tous les éléments de la composition expriment ce concept. La femme est vêtue d’une robe douce qu’on ne peut associer à une culture précise et sa longue chevelure texturée coule dans son dos. Ses yeux sont clos comme elle pose sa tête sur un oreiller qu’elle tient contre sa poitrine. Elle est assise sur un morceau de pierre non sculpté, ce qui indique qu’elle prend une pause de la sculpture. Elle n’a pas de temps pour davantage qu’une courte pause, bien que la femme soit clairement fatiguée.
Oviloo Tunnillie a créé cette œuvre après son premier diagnostic de cancer des ovaires et les traitements de chimiothérapie qui ont suivi autour de 2005. Le cancer était en rémission depuis un certain temps, mais elle mentionnait souvent qu’elle était fatiguée. Elle a continué de travailler jusqu’à un second diagnostic en 2012 environ, après quoi elle n’a plus été capable de travailler.
Cette sculpture attire particulièrement l’attention sur le talent qu’a l’artiste pour créer, à partir de la pierre dure, l’illusion de vêtements soyeux et flottants ainsi que la malléabilité, par exemple, de l’oreiller qu’elle serre contre sa poitrine. Les éléments doux contrastent avec la pierre brute, non sculptée, sur laquelle elle est assise. Comme l’exprime Robert Kardosh : « [C’est] une œuvre d’une profonde tranquillité. Femme fatiguée semble parler de l’épreuve en général ainsi que du banal épuisement. Mais il n’est pas accessoire au sens de l’œuvre qu’il s’agit aussi là de l’image d’une femme et de l’effet du travail sur un corps de femme. »
Cette sculpture est comparable à un autre autoportrait de 2008, Woman Carving Stone (Femme sculptant de la pierre), dans lequel l’activité de sculpter est plus spécifique. Le bras droit de l’artiste pend à son côté avec une hache dans la main. Il est fait référence ici au dur labeur physique de se servir d’un outil manuel. Le haut de son corps et sa tête sont courbés au-dessus d’un gros morceau de pierre brute. Une fois de plus, le langage corporel de la figure parle de façon plus expressive que les mots décrivant les ravages de la maladie dans le corps de l’artiste.