Portrait d’un Illustre Borgne s. d.

Louis Nicolas, Portrait d’un Illustre Borgne, s. d.

Louis Nicolas, Portrait d’un Illustre Borgne, s. d.

Encre sur papier, 33,7 x 21,6 cm

Codex canadensis, page 14

Gilcrease Museum, Tulsa, Oklahoma

Des portraits d’individus autochtones sont extrêmement rares à l’époque coloniale en Nouvelle-France, faisant de ce Portrait d’un Illustre Borgne un cas tout à fait extraordinaire. L’individu représenté est identifié comme Iscouakité, un guerrier, grand orateur ayant perdu un œil « d’un coup de fleche ». Iscouakité (dont le nom veut dire « tison allumé ») est présenté ici comme « hasrangu[ant] ses soldats autravers d’un tube descorce de bouleau », leur demandant de l’écouter. Ce dessin est le seul portrait pour lequel Louis Nicolas a fourni un nom propre. Toutes les autres figures du Codex décrivent des types, caractéristiques des divers groupes, plutôt que des individus en particulier.

 

Art Canada Institute, Louis Nicolas, Anonymous, Portrait of Kateri Tekakwitha
Anonyme, Portrait de Kateri Tekakwitha, s. d., huile sur toile, 91,4 x 76,2 cm, mission Saint-François-Xavier, Kahnawake, Territoire mohawk, Québec.

Louis Nicolas a probablement fait la connaissance d’Iscouakité – le chef des Outaouais et un ennemi redoutable des Iroquois et des Sioux – lors de son stage à Chagouamigon, sa première mission en Nouvelle-France. Iscouakité est mentionné dans les Relations des jésuites comme s’étant rendu à Sault-Sainte-Marie en 1672-1673 pour mettre les femmes et les enfants de sa nation sous la protection des jésuites, quand lui et ses hommes étaient allés faire la traite des fourrures à Montréal. Il est mieux habillé que la plupart des autres personnages de Nicolas. Ses cheveux flottent au vent et il est peint sur tout le corps. En plus de son tube pour amplifier la voix, il porte un sac et sa pipe, encore fumante, est déposée par terre à ses côtés. En bon artiste documentaire, intrigué par les gens et son environnement, Nicolas rempli ses dessins d’autant de détails que possible ayant attiré sa curiosité.

 

Le seul autre portrait fait en Nouvelle-France d’un individu autochtone est celui de sainte Kateri Tekakwitha, peint en 1690 par le père Claude Chauchetière (1645-1709). Ce missionnaire jésuite, comme le père Jean Pierron (1631-1700), utilisait son talent artistique pour tenter de convertir les Autochtones de la mission Saint-François-Xavier à Sault-Saint-Louis (Kahnawake, Québec). Renommée pour sa piété exceptionnelle, Kateri avait été victime de la petite vérole quand elle était enfant, ce qui lui avait défiguré le visage. Chauchetière écrit que lorsqu’elle mourut à l’âge de vingt-quatre ans, ses cicatrices disparurent miraculeusement et son visage retrouva sa beauté naturelle. On ne croit plus aujourd’hui que le portrait de Kateri qui est dans l’église de Kahnawake soit le tableau original de Chauchetière. Il est plus vraisemblable que ce soit une copie de date plus tardive.

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