Pièces de monnaie du centenaire 1967
« Je ne trouve pas la vie ennuyeuse ni banale. Par conséquent, je ne cherche pas à fuir ce qu’on pourrait appeler l’expérience ordinaire », a déclaré Colville. Quoi de plus ordinaire que la petite monnaie, qui devient œuvre avec Colville dans sa série de pièces de monnaie du centenaire, dont la portée est incomparable : pendant des décennies, elles sont apparues régulièrement dans les sacs à main et les portefeuilles des Canadiens et des Canadiennes. Les six pièces qui composent la série — une bernache du Canada (un dollar), un loup (cinquante cents), un lynx (vingt-cinq cents), un maquereau (dix cents), un lapin (cinq cents) et une tourterelle (un cent) — peuvent être considérées comme l’œuvre canadienne la plus importante jamais réalisée et la plus largement diffusée.
En 1965, Colville soumet des dessins pour orner les pièces de monnaie du centenaire, dans le cadre d’un concours tenu par la Monnaie royale canadienne pour célébrer le 100e anniversaire de la Confédération. La Monnaie, qui a sollicité les soumissions de plusieurs artistes, est si impressionnée par les dessins simples de Colville représentant des animaux canadiens communs, qu’il remporte la commande de l’ensemble de la série. Colville, initié à l’art à l’adolescence par la sculpture et le dessin, tire parti du format des pièces, au mince relief, pour exploiter les remarquables qualités sculpturales qu’on reconnait à son travail à partir du milieu des années 1960. Ses images peintes ont une solidité lourde malgré leur planéité fondamentale, et on peut facilement voir qu’elles se transposeront facilement aux formes en relief des pièces de monnaie et des médaillons.
Colville choisit les animaux parce que, comme il l’écrit dans un communiqué pour la Monnaie, « il s’agit de trouver des images dignes et appropriées pour célébrer le centenaire de notre pays, des images qui n’exprimeront pas seulement une certaine période, lieu ou événement particulier, mais un siècle entier du Canada, et plus encore. Les créatures de la nature offre ce continuum durable et significatif. » On ne compte plus le nombre d’animaux dans les œuvres de maturité de Colville, des chevaux aux chiens — pensons par exemple à Cheval et train, 1954, ou Enfant et chien, 1952 — en passant par les vaches, les moutons, les corbeaux et autres bêtes, les animaux figurant régulièrement dans les tableaux de Colville jusqu’à sa mort. Il remarque à ce propos : « La présence d’animaux m’apparaît indispensable. Il me semble que sans animaux tout est incomplet. »