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Le labyrinthe 1953

William Kurelek, Le labyrinthe, 1953

William Kurelek, The Maze (Le labyrinthe), 1953

Gouache sur panneau, 91 × 121 cm

Bethlem Royal Hospital Archives and Museum, Londres, R.-U.

Le labyrinthe est l’œuvre la plus connue de Kurelek. Sa place dans la culture populaire a été fermement établie lorsqu’elle a été utilisée pour la couverture de l’album Fair Warning du groupe rock états-unien Van Halen en 1981. La notoriété de ce tableau provient de la façon très graphique avec laquelle Kurelek représente son combat avec la maladie mentale. Il peint cette scène macabre en Angleterre, en 1953, lorsqu’il est un patient de l’hôpital Maudsley à Londres. Un autoportrait, en fait, Le labyrinthe montre l’artiste allongé sur le côté dans un champ de blé au Manitoba.

 

Art Canada Institute, William Kurelek,
William Kurelek, The Maze (Le labyrinthe) (détail), 1953, gouache sur panneau, 91 x 121 cm, Bethlem Museum of the Mind, Beckenham, R.-U.

L’image centrale du tableau est l’intérieur du crâne de Kurelek, dont l’avant et l’arrière sont séparés. On y voit dix-sept compartiments, chacun contenant soit une vignette qui relate un épisode de son enfance, soit une allégorie visuelle qui exprime son état d’esprit torturé et sa perception négative de la science, de la sexualité et de la politique mondiale. Considérées ensemble, ces scènes incarnent « une sorte d’amalgame pictural de tous [ses] problèmes émotionnels ».

 

Kurelek conçoit ce tableau pour attirer l’attention à laquelle il croit que sa condition lui donne droit. C’est là une stratégie « mi-consciente » pour « impressionner » ses soignants et se « prouver » à lui-même qu’il est « un artiste intéressant du point de vue psychologique ». Dans le compartiment cranien central, un rat de laboratoire blanc sans vie, couché en boule, résume la façon dont Kurelek se considère : quelqu’un qui ressent un vif besoin de se libérer de la torture à laquelle l’assujettit son propre esprit tout en se présentant désespérément comme un spécimen sacrificiel pour l’expérimentation scientifique.

 

D’autres compartiments présentent une image de l’artiste écorchant son propre bras, un groupe de corbeaux tourmentant un lézard plaqué au sol, un enfant paysan recevant des coups de pieds vicieux provenant de l’intérieur de sa maison et qui l’envoient dehors dans la neige, et un « Musée du désespoir » qui exprime la futilité de la vertu morale et intellectuelle. En dehors du crâne, on retrouve un désert analogue. À travers les orbites oculaires et cavités nasales vides, on aperçoit un monde d’une chaleur et d’une puanteur nauséabondes, peuplé d’insectes et de fumier, avec des œuvres d’art, de musique et de poésie pourtant vénérées mais se retrouvant maintenant jetées dans la poussière.

 

En 1969, le réalisateur états-unien Robert M. Young a produit un documentaire, également intitulé The Maze (Le labyrinthe), explorant la vie de Kurelek et son combat avec son père et avec la maladie mentale. Young a pris connaissance de l’art de Kurelek grâce au Dr James Maas, psychologue à l’Université Cornell, qui l’a invité à réaliser un documentaire éducatif sur l’art et la psychose. Quand il a vu une diapositive du tableau Le labyrinthe, Young a convaincu Maas d’orienter le film exclusivement sur Kurelek. En 1971, l’artiste en a peint une seconde version, The Maas Maze (Le labyrinthe de Maas), pour remercier le psychologue. Une version étendue du film de Young est sortie en 2011.

 

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