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Une bande orange 1964

Takao Tanabe, One Orange Strip, 1964

Takao Tanabe, One Orange Strip (Une bande orange), 1964
Acrylique sur toile, 40,8 x 86,4 cm

Museum London

Cette œuvre révèle l’importante contribution de Tanabe à l’histoire de l’abstraction au Canada. La palette, la composition et l’esprit de l’œuvre sont indubitablement de leur temps et indéniablement propres à l’artiste. Une bande orange présente des couleurs d’une luminosité remarquable, mais la perception de l’espace est conflictuelle. Bien que nous sachions que l’œuvre est plane, la profondeur spatiale est néanmoins suggérée. La bande unique du titre est l’un des éléments les plus modestes de la composition, mais elle complète parfaitement les bleus qui l’entourent. Des formes en V créent une brusque troncature visuelle, tant les vecteurs orange et vert que les deux vecteurs verts, ce qui surprend le regard et anime l’ensemble de la composition. La planéité de la surface est également contredite par les deux grands éléments rouges – celui de gauche semble reculer, et celui de droite, avancer, ce qui suggère une torsion de l’ensemble de l’image. La vigueur de l’orange se détache des bleus qui l’entourent, créant ainsi l’illusion d’un espace.

 

Takao Tanabe, Kitselas, 1970, acrylique sur toile, 86 x 85,6 cm, Musée des beaux-arts de la Nouvelle-Écosse, Halifax.
William Perehudoff, Nanai #6, 1969, acrylique sur toile, 189,5 x 173, Musée d’art contemporain de Montréal.

Le conservateur et historien de l’art Roald Nasgaard affirme que Tanabe « s’est consacré à la géométrie et à la couleur » dans les années 1960, comme de nombreux autres artistes pratiquant l’abstraction aux États-Unis ainsi qu’au Canada – en particulier des peintres montréalais tels que Guido Molinari (1933-2004) et Yves Gaucher (1934-2000). Néanmoins, Nasgaard suggère que Tanabe le fait de manière idiosyncrasique, « avec une irrévérence » à l’égard des tendances dominantes dans son pays et à l’étranger. Sous l’influence du critique des États-Unis Clement Greenberg (1909-1994), qui défend une approche formelle de la peinture tout au long de la décennie, nombre d’artistes abstrait·es privilégient la ligne, la couleur, la texture et la composition au détriment de la narration ou d’autres éléments contextuels, comme Tanabe semble également le faire dans Une bande orange. Cependant, Nasgaard rappelle que pour Tanabe, « la pureté formaliste n’a jamais été un problème, peut-être parce qu’il a toujours été un créateur d’images dédié aux possibilités narratives de ce qui se passe à l’intérieur du cadre et dans l’espace énigmatique de l’illusion ».

 

Au cours de cette période, Tanabe peint d’une manière tout à fait actuelle, mais il souhaite manifestement se définir comme un créateur d’œuvres distinctives. Bien que ce corpus révèle des affinités certaines avec les œuvres de Jack Bush (1909-1977), William Perehudoff (1918-2013) et d’autres, la géométrie de Tanabe est, comme l’observe Nasgaard, « excentrique », et illustre les façons disparates dont les artistes du Canada abordent l’abstraction au milieu des années 1960. L’excentricité de Tanabe est enracinée dans sa composition, qui suggère des « illusions d’espace intérieur et de projection vers l’extérieur ». On le voit clairement dans Une bande orange. Outre le style hard-edge, les « couleurs deviennent très nuancées et commerciales, et elles sont posées en aplat et sans modulation », une annonce, peut-être, de l’intérêt précoce de l’artiste pour la peinture d’enseignes.

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