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Disposition intérieure aux collines rouges 1957

Takao Tanabe, Disposition intérieure aux collines rouges, 1957

Takao Tanabe, Interior Arrangement with Red Hills (Disposition intérieure aux collines rouges), 1957

Huile sur toile, 68 x 126,5 cm

Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa

Lumineuse et percutante, Disposition intérieure aux collines rouges se lit à la fois comme un paysage et une composition abstraite, séduisant tant l’œil que l’esprit. L’œuvre est une abstraction lyrique et expressive qui renvoie à notre conception du paysage. Même le titre joue avec nos perceptions : comment une « disposition intérieure » s’associe-t-elle à des « collines rouges »? Il y a à la fois une profondeur spatiale et une planéité dans les éléments calligraphiques (les lignes noires qui se répètent) et les zones de couleur unies. Les collines rouges ne sont pas clairement représentées, mais plutôt évoquées par les formes peintes sur la toile. Dans cette œuvre de jeunesse, Tanabe jette un pont entre deux traditions artistiques, démontrant qu’il a déjà trouvé sa propre voie créative.

 

Après sa formation à Winnipeg, à New York et à Londres, ainsi que ses voyages à travers l’Europe entre 1953 et 1955, les allégeances artistiques de Tanabe sont partagées. Bien qu’il se considère comme un peintre abstrait, il est également attiré par le genre du paysage. Il choisit d’explorer les paysages ruraux du Danemark dans une série d’aquarelles, bien que ses représentations soient rarement explicites. Toutefois, en parlant de l’œuvre la plus abstraite de l’artiste au début des années 1950, le peintre irlandais William Scott (1913-1989), qui a rencontré Tanabe à Banff, qualifie ses peintures de « paysage. »

 

Takao Tanabe, A Region of Hills (Une région de collines), 1957, huile sur toile, 90,2 x 96,6 cm, Musée des beaux-arts de la Nouvelle-Écosse, Halifax.
Takao Tanabe, Nude Landscape I (Paysage nu I), 1959, huile sur toile, 101,5 x 84,5 cm, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa.

En 1957, l’année où il peint Disposition intérieure aux collines rouges, Tanabe fait l’objet d’une exposition importante au Musée des beaux-arts de Vancouver. Bien qu’il soit incertain que ce tableau ait fait partie du corpus exposé cette année-là, il ne fait aucun doute qu’il appartient à une série que l’ami et mentor de Tanabe, Joseph (Joe) Plaskett (1918-2014), appelle « The White Paintings [Les peintures blanches] », auxquelles appartient A Region of Hills (Une région de collines), 1957. Comme l’écrit Plaskett :

 

Pourquoi tout ce blanc? Vous pensez peut-être que c’est de la neige, ou même de la lumière. L’artiste n’avait pas du tout cette intention. Il décrit son utilisation du blanc comme une « finition ». En réaction aux couleurs riches et opaques, il a commencé à utiliser le blanc avec parcimonie, en minces couches qui rivalisent avec le blanc de la toile, produisant cette légèreté de la touche et de la technique. L’effet de lumière scintillante en est une conséquence indirecte. Mais vous, la personne spectatrice, vous avez raison. Les intentions de l’artiste ne comptent jamais. La peinture blanche se transforme en lumière, et la lumière est le secret du paysage, voire de toute peinture. Ce qui compte, c’est l’expression, pas les moyens. Ces nuances lumineuses de la couleur, cette impeccabilité de la facture, cette composition audacieuse et éblouissante produisent une expression lyrique

 

Les compositions des peintures blanches « sont nées du jeu libre du pinceau, de la calligraphie qui avait été le style abstrait de Tanabe », déclare Plaskett, qui explique également qu’elles « ont souvent commencé de manière non figurative et [n’]ont été considérées comme des paysages [qu’]après coup ». Dans ses premières peintures, comme celle-ci, Tanabe cherche un moyen novateur d’adapter les formes de l’expressionnisme abstrait à son intérêt marqué et évolutif pour le paysage.

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