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Narcisses 1897

Sophie Pemberton, Narcisses, 1897

Sophie Pemberton, Daffodils (Narcisses), 1897
Huile sur toile, 162,6 x 103,2 cm
Musée royal de la Colombie-Britannique, Victoria

Narcisses marque un tournant dans la carrière artistique de Pemberton puisqu’il s’agit de sa première peinture acceptée pour une exposition à la Royal Academy of Arts. On y voit le portrait en pied, grandeur nature, d’une femme assise et inclinée qui ramasse quelques fleurs tombées du vase posé sur le meuble derrière elle. Dans cette œuvre exigeante sur le plan technique, Pemberton démontre sa maîtrise du style réaliste académique qu’elle a appris à l’école d’art dirigée par Arthur Cope (1857-1940). Son inspiration peut également provenir de la célèbre artiste Louise Jopling (1843-1933), dont les portraits sont composés de sujets féminins.

 

Le modèle se tortille sur sa chaise, le bras et l’épaule droits tournés vers l’extérieur, le bras gauche et le torse tournés obliquement vers l’arrière, formant devant le public une version complexe de la courbe en S classique. L’éclairage dramatique est axé sur les fleurs et accentue la posture du modèle et les ondulations des plis de sa robe. Les coups de pinceau parfaitement polis sont presque invisibles. En saisissant un moment dans le temps, Pemberton insuffle à l’étude un sentiment d’intimité.

 

Louise Jopling, A Modern Cinderella (Une Cendrillon moderne), 1875, huile sur toile, 91,4 x 70,8 cm, collection privée.
Laura Muntz, A Daffodil (Narcisse des bois), 1910, huile sur toile, 66 x 51 cm, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa.

Le tableau Narcisses est fort apprécié lors de l’exposition de la Royal Academy, où il est accroché sur la ligne idéale, à la hauteur des yeux, dans la très convoitée galerie 1. Les Academy Notes publiées cette année-là comprennent des « illustrations des principaux tableaux » dont une reproduction sous forme d’esquisse de Narcisses, l’un des dix-huit tableaux illustrés parmi les cent huiles de cette galerie.

 

Un commentaire favorable est publié dans le Chelsea Mail, mais comme c’est souvent le cas lorsqu’il s’agit de peintures réalisées par des femmes, il rejette le sujet comme n’étant pas pertinent : « Une œuvre consciencieuse, mais dont le sujet ne mérite guère le travail et le talent qui lui ont été consacrés. » En revanche, le Lady’s Pictorial écrit : « Un grand tableau […] à la fois insolite et astucieux. La silhouette de la jeune fille assise qui se penche pour ramasser une des fleurs sur le sol, est bien dessinée, et les lignes sont gracieuses et agréables. » La mère et les sœurs de Pemberton viennent du Canada pour assister à son triomphe et l’appuyer.

 

Dans un portrait en demi-longueur à composition fort différente, A Daffodil (Narcisse des bois), 1910, Laura Muntz (1860-1930) positionne le modèle face au public, une fleur unique à la main. Muntz peint dans le style impressionniste adopté en partie par Pemberton dans ses œuvres ultérieures. En 1909, Pemberton et Muntz passent une journée ensemble à Montréal avec leur ami commun, Harold Mortimer-Lamb (1872-1970), mais elles se sont possiblement rencontrées plus tôt, en Europe.

 

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