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L’île aux moustiques 1907

Sophie Pemberton, L’île aux moustiques, 1907

Sophie Pemberton, Mosquito Island (L’île aux moustiques), 1907
Huile sur toile, 82,6 x 122,2 cm
Collection privée

Dans cette composition soignée peinte sur l’île Knapp (aux moustiques), au large de la péninsule de Saanich, Pemberton intègre de nombreux éléments qui suscitent l’attention. À l’avant-plan, on voit des arbres en fleurs dans un vieux verger, des piquets de clôture, l’évocation d’une plage à marée ainsi qu’un hangar à bateaux abritant un canot autochtone qui sert à donner un aperçu de l’échelle. Une série de petits îlots rocheux et de grandes îles boisées attire le regard vers l’extérieur, au-delà l’océan, vers les majestueuses montagnes enneigées du mont Baker et au loin, décalée du centre, la chaîne des Cascades. Le soleil de fin de matinée, haut dans le ciel entre deux nuages qui s’écartent, jette une chaude teinte rosée qui illumine l’eau et crée un trajet à travers les îles vers le sommet.

 

Pemberton peint L’île aux moustiques en avril 1907, en seulement huit jours, alors qu’elle rend visite à des proches habitant à proximité sur l’île Piers. Clive Phillipps-Wolley, écrivain et poète de renom, compte parmi les fidèles adeptes de Pemberton, et sa femme et ses filles connaissent bien Sophie et ses sœurs. À l’époque, Pemberton est mariée au chanoine Arthur Beanlands depuis dix-huit mois, sans toutefois renoncer à sa carrière d’artiste professionnelle. Non seulement continue-t-elle à peindre, mais elle quitte le presbytère pendant deux semaines pour créer un tableau dans l’intention de le vendre.

 

Emily Carr, War Canoes, War Canoes, Alert Bay (Canots de guerre, Alert Bay), 1912, huile sur toile, 84 x 101,5 cm, Audain Art Museum, Whistler.

Le 23 avril 1907, six jours après avoir terminé L’île aux moustiques, Pemberton l’expose au centre-ville de Victoria, dans la vitrine d’un magasin. Au sein du public, des gens sont mécontents de constater qu’il diffère, par ses touches impressionnistes, des portraits finement détaillés et lisses auxquels la peintre les a habitués. Une personne écrit :

 

Plusieurs passant·es ont exprimé leur déception en voyant le tableau, mais lorsque je leur ai suggéré de reculer et de l’observer à une distance de douze ou quinze pieds, leur amertume a disparu. C’est une belle peinture; les couleurs et le dessin sont bons […] et elle est particulièrement précieuse comme représentation typique des paysages du Pacifique.

 

Le tableau se vend en une semaine. Le Victoria Times rapporte que : « Le tableau a été acquis par un gentleman anglais et sera exposé dans différentes villes de son pays natal. » Pemberton négocie avec l’acheteur son inclusion dans l’importante exposition individuelle de tableaux célébrant la diversité des paysages du sud de l’île de Vancouver qu’elle planifie pour 1909 à la Doré Gallery de Londres. Ce tableau, ainsi que d’autres vendus à cette occasion, reste au Royaume-Uni.

 

L’art moderniste n’est pas toujours compris par les adeptes d’art plus conformistes de la Colombie-Britannique. Quelques années plus tard, des gens de Victoria remettent en question les peintures fauves illustrant la côte Ouest réalisées en 1912 par Emily Carr (1871-1945), contemporaine de Pemberton qui a également étudié en France. Avec War Canoes, Alert Bay (Canots de guerre, Alert Bay), 1912, Carr retravaille son esquisse originale de 1908, peinte en plein air, à l’aquarelle, avec une palette audacieuse.

 

 

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