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Caudebec-en-Caux 1903

Sophie Pemberton, Caudebec-en-Caux, 1903

Sophie Pemberton, Caudebec-en-Caux, 1903
Huile sur toile, 76 x 50,7 cm
Art Gallery of Greater Victoria

Caudebec-en-Caux, situé sur la rive nord de la Seine, est un lieu privilégié pour les peintres impressionnistes, notamment Camille Pissarro (1830-1903) et Eugène Boudin (1824-1898). Au cours de l’été 1903, Pemberton, sa sœur Susie et leur mère visitent tranquillement la Normandie, et les filles font du vélo par beau temps. Pour « esquisser » l’image de ce « lieu de rêve », Pemberton installe son chevalet sur un petit pont de pierre qui enjambe ce qui était à l’origine une route étroite avec des maisons de pierre et de bois avant que la rivière Sainte-Gertrude, qui serpente dans la ville, ne déborde à marée haute et l’emporte avec elle.

 

Pemberton se concentre sur le mélange harmonieux de la pierre, du bois et de l’eau, sur les toits en ardoise et les nuages taupe se reflétant dans l’eau qui bouge lentement. Elle aperçoit une femme sur une plate-forme de lavage et remarque les tuyaux en hauteur qui crachent de l’eau. Les toitures délabrées et saisissantes offrent une variété de textures, ce qui représente un défi et une stimulation pour une artiste s’étant auparavant concentrée sur le portrait, mais de plus en plus influencée par l’art impressionniste qui l’entoure. Même par une chaude journée d’août, le canal ombragé, les pierres mouillées, la marque d’eau laissée par les algues vertes et les étages supérieurs à colombages et aux volets usés par les intempéries semblent à mille lieues de l’animation de la place du marché.

 

D’anciennes photographies de cartes postales prises d’un point de vue similaire quelques années plus tard confirment l’exactitude de ces détails. À tous égards, Caudebec-en-Caux est un triomphe d’observation minutieuse pour Pemberton, qui choisit pourtant d’appliquer la peinture en couches épaisses, à l’aide d’un pinceau large permettant d’obtenir un impasto richement texturé. En 1903, elle crée un certain nombre de paysages dans la même veine. L’année suivante, un critique écrit : « Il y a une délicatesse en eux, produite par un simple coup de pinceau. »

 

L’artiste néo-zélandaise Frances Hodgkins (1869-1947) visite la ville deux ans avant Pemberton. Séduite elle aussi, elle réalise une série d’aquarelles dans une palette similaire « Avec son abondance de rues et de sujets pittoresques pour chaque jour de l’année […] Caudebec est peint de fond en comble », écrit-elle. Dix ans plus tard, lorsqu’Emily Carr (1871-1945), une connaissance de Victoria pour Pemberton, s’installe en France rurale, elle est également attirée par un canal pittoresque et des femmes lavant du linge. Son œuvre Crécy-en-Brie, 1911, témoigne clairement de son adhésion aux principes impressionnistes.

 

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