Combat de chiens v.1975
L’une des premières sculptures des années 1970 d’Oviloo Tunnillie à être reconnue est Combat de chiens, v.1975. Cette composition complexe, savamment maîtrisée, de quatre chiens formant une pyramide de corps enchevêtrés a été incluse en 1994 dans l’exposition et le catalogue majeurs Inuit Woman Artists: Voices from Cape Dorset (Femmes artistes inuites : échos de Cape dorset), produits par le Musée canadien des civilisations (aujourd’hui le Musée canadien de l’histoire).
Les chiens ne sont pas des sujets fréquents des œuvres d’Oviloo et des sculpteurs inuits en général, mais ils constituent une part importante de la vie d’Oviloo et de la culture inuite traditionnelle. Dans un entretien de 1991, elle explique : « J’ai toujours aimé les chiens et pendant une brève période, j’ai sculpté des chiens. J’ai sculpté ceci, qui représente des chiens en train de se bagarrer. Les chiens avaient l’habitude de se bagarrer entre eux. » Une autre de ses sculptures réalistes figurant un chien, Dog and Bear (Chien et ours), 1977, se trouve dans la collection de la Banque d’œuvres d’art du Conseil des arts du Canada à Ottawa. Oviloo a aussi eu recours aux chiens pour traiter directement de la colonisation des communautés du Nord dans Protecting the Dogs (Protéger les chiens), 2002, qui fait référence à l’abattage des chiens de traîneau inuits par la Gendarmerie royale du Canada dans les années 1950 et 1960.
Combat de chiens reflète les élégantes compositions animalières réalistes créées par Oviloo au cours des années 1970 et 1980. Tandis qu’elle développe ses aptitudes comme sculpteure, son travail commence à démontrer la nuance et la complexité qui allaient définir sa pratique. Les sculptures d’animaux sont à l’époque les sujets les plus fréquents pour les artistes de Cape Dorset et le sont encore à ce jour. Tant ici que dans d’autres œuvres animalières de cette période, Oviloo a eu grand soin de créer des descriptions réalistes. Dans Hawk Taking Off (Faucon prenant son envol), v.1987, par exemple, la rigueur des détails naturalistes, des plumes aux griffes, est telle qu’elle surpasse celle atteinte par plusieurs artistes, avec l’exception notable de la faune sauvage représentée dans les gravures et la sculpture du célèbre artiste de Cape Dorset, Kananginak Pootoogook (1935-2010). Dans l’œuvre de Kananginak, il est possible de distinguer les espèces précises des oiseaux représentés, dans ce cas-ci, une buse pattue. Oviloo connaissait sans doute le travail de Kananginak et celui-ci a fort bien pu constituer une source d’inspiration pour elle.