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L’adoration 1949

Oscar Cahén, L’adoration, 1949

Oscar Cahén, The Adoration (L’adoration), 1949

Huile sur masonite, 122 x 133 cm

Collection privée

Art Canada Institute, Oscar Cahen, Crucifixion (737), c. 1948
Oscar Cahén, Crucifixion (737), v. 1948, encre sur carton à dessin, env. 23 x 31 cm, The Cahén Archives, Toronto.

« Je veux convaincre le monde, par mon travail, que l’essentiel est d’avoir la foi », écrit Cahén. Marquée de la mention « Pas à vendre », L’adoration, présentée pour la première fois à l’Exhibition of Contemporary Canadian Arts, en 1950, est l’œuvre la plus ambitieuse de l’artiste avant son passage à l’abstraction. Le tableau figure les habituels protagonistes de la scène, soit Marie veillant Jésus, entourée des mages et d’animaux, et d’autres, insolites, comme le personnage du premier plan, qui porte une lanterne. L’obédience réelle de Cahén, à moitié juif par ascendance, reste néanmoins énigmatique. Un ami se rappelle : « Il aurait aimé croire en Dieu parce qu’il voulait tellement connaître la paix à travers la foi. Il a étudié pratiquement toutes les religions du monde en profondeur et avait l’habitude gênante de demander tout à coup aux gens s’ils croyaient en Dieu! »

 

Cahén dira plus tard que ses peintures abstraites font partie de sa quête de foi, il faut donc peut-être voir dans L’adoration et d’autres œuvres aux motifs chrétiens des allégories de thèmes universels plutôt que des représentations bibliques révérencieuses. L’hanoukkiyah (ménorah à neuf branches utilisée pendant Hanoukka), qui est bien en évidence dans le coin inférieur gauche, suggère qu’à l’instar des crucifixions de Marc Chagall (1887-1985), les représentations du calvaire de Jésus constituent, chez Cahén, des commentaires indirects sur la persécution des Juifs en général.

 

L’adoration synthétise l’intérêt de Cahén pour Georges Rouault (1871-1958), pour le gothique allemand et pour le cubisme. Les zones planes et les contours des personnages, d’abord dissimulés, apparaissent peu à peu dans une mosaïque de formes angulaires entrelacées. Plus que la narration, ce sont les couleurs vives qui dirigent le regard depuis le jaune de l’étoile de Bethléem vers le point central : Jésus dans les mains de Marie. Or, ce point est occulté par la blancheur aveuglante du tablier presque rectangulaire de Marie, qui figure sa pureté. Le motif qui se fait jour en surface et la domination visuelle du tablier, pourtant relativement secondaire dans l’histoire, annoncent, chez Cahén, l’exploration imminente de l’abstraction de préférence à l’illustration.

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