Promenade en traîneau l’hiver vers les années 1960
Cette œuvre représente une journée d’activité hivernale, avec trois véhicules tirés par des chevaux qui se fraient un chemin dans une vallée en hiver. Dans l’exposition en tournée nationale The Illuminated Life of Maud Lewis (La vie illuminée de Maud Lewis), organisée par le Musée des beaux-arts de la Nouvelle-Écosse en 1997, le tableau Promenade en traîneau l’hiver a été présenté dans un regroupement de six autres semblables qui mettent en évidence la nature sérielle de l’œuvre de Maud Lewis. « Il est sans doute plus constructif de voir les images répétées dans l’art populaire comme une production en série plutôt que comme un opportunisme commercial », écrit Harold Pearse au sujet de l’exposition, soutenant que l’imagerie répétée est davantage liée à la vie des artistes qu’à de simples préoccupations commerciales. Cette conjonction est très apparente ici : Promenade en traîneau l’hiver conjugue la nature commerciale de la pratique de Lewis, qui, après tout, s’enracine dans la production de cartes de Noël, avec la nostalgie (d’une époque préindustrielle plus simple, assurément, mais plus émouvant encore, de l’enfance aisée et protégée tirée de ses propres souvenirs), sentiment omniprésent dans son œuvre.
Le point de vue du tableau est placé en hauteur, comme si le spectateur se baladait aussi dans un traîneau descendant la pente vers la vallée. L’avant-plan comporte un traîneau et un conifère enneigé, ce qui jette une ombre bleutée vers le coin inférieur gauche de la composition. Le deuxième plan est occupé par un pont couvert rouge. La route tourne brusquement vers la gauche, alors que deux traîneaux filent plus loin sur la piste de l’autre côté du pont. Un petit village occupe l’arrière-plan, où une église en bardeaux de bois blanc et au toit rouge, si chère à Lewis, et quatre maisons (ou granges) aux couleurs vives (verte, rouge, jaune et ocre) sont plantées dans le paysage. Le village se trouve au pied d’une série de collines qui cernent efficacement la scène plutôt qu’elle n’est ouverte sur un espace infini. Malgré les trois zones bien définies de la composition, elle reste plutôt en aplat, comme la majorité des œuvres de Lewis. C’est une façon de composer l’image que Pearse, comme d’autres critiques, qualifie de « médiévale ».
Comme bon nombre des œuvres de Lewis, Promenade en traîneau l’hiver a été largement reproduite. Elle fait partie de trois de ses peintures choisies pour figurer sur des timbres émis par Postes Canada en 2020; le premier, pour le courrier intérieur (figure justement cette œuvre), le deuxième, pour le courrier destiné aux États-Unis (représente une paire de bœufs) et le troisième, pour le courrier international (reproduit Family and Sled (Famille et traîneau), vers les années 1960).