Boîte à biscuits peinte avec des fleurs vers les années 1960
Cette boîte à biscuits couverte de fleurs peintes est l’un des nombreux objets décoratifs dont Maud Lewis aimait s’entourer et qui n’étaient pas destinés à la vente, bien qu’elle ait parfois produit des plateaux et des porte-poussières sur commande. Tout comme les surfaces peintes dans sa maison, les articles ménagers apportent de la lumière et de la couleur dans l’espace de vie de l’artiste. La boîte à biscuits, probablement utilisée au quotidien, est l’une de ses œuvres les plus intimes si bien qu’elle a même été présentée dans l’exposition The Artist Herself: Self-Portraits by Canadian Historical Women Artists / L’artiste elle-même : autoportraits de femmes artistes au Canada, tenue en 2015 au Agnes Etherington Art Centre à Kingston en Ontario.
C’est dans les articles comme cette boîte à biscuits que nous remarquons son approche plus traditionnelle de l’art populaire vernaculaire qui rappelle les meubles et outils peints au dix-neuvième siècle en Nouvelle-Écosse et ailleurs. Dans la province, au fil des années, une distinction a été établie entre l’art populaire traditionnel et l’art populaire contemporain, principalement par l’historien Richard Field, qui considère la fonction comme la principale différence. Il fait d’ailleurs remarquer que « c’est l’union entre la fonction et l’esthétique qui caractérise l’art populaire traditionnel » tandis que « pour l’art populaire contemporain, la fonction est rarement une constituante de l’inspiration ». À la manière des créateurs et créatrices d’art populaire historique, Lewis a produit cet objet avec l’intention de l’utiliser tous les jours.
Comme la plupart des articles ménagers décoratifs sont restés dans la maison après le décès des Lewis, ils se sont détériorés de façon significative et ont donc plus tard fait l’objet d’importants travaux de restauration. Une question fréquemment posée par les visiteurs des musées d’art porte sur les règles interdisant de toucher les artéfacts, même ceux qui semblent solides, faits en pierre ou en métal. La restauration de la boîte à biscuits peinte explique clairement les raisons de cette interdiction. Ce charmant objet comporte des décorations florales peintes en motif de quadrillage, comme si les fleurs grimpaient sur un treillis. Avant la restauration, les deux tiers inférieurs de la boîte étaient relativement en bon état, tandis que le tiers supérieur, où se posent les mains pour la prendre tout en enlevant le couvercle, était gravement corrodé. La rouille s’est attaquée aux endroits où les huiles de la peau humaine sont restées sur la boîte. Heureusement, presque toute la peinture originale était encore là, sous la couche de rouille qui s’est étendue sur la peinture. Il est maintenant possible de voir la boîte restaurée dans la maison de Maud Lewis au Musée des beaux-arts de la Nouvelle-Écosse.