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Février 1967 1967

Marion Nicoll, Février 1967, 1967

Marion Nicoll, February 1967 (Février 1967), 1967
Colorant azoïque sur tissu, 193 x 134,6 cm
Leighton Art Centre, Alberta

Les premiers batiks de Marion Nicoll sont un prolongement de son travail de l’automatisme, mais pour Février 1967, son approche est plutôt alignée sur ses œuvres hard-edge, telles que Thursday’s Model (Le modèle de jeudi) et Self Portrait (Autoportrait), toutes deux de 1959. Trois formes verticales peintes en bleu, brun et blanc encadrent un disque jaune scindé et cerné de contours noirs, les mêmes qui tracent également la bordure extérieure de la composition. L’ensemble fait l’effet d’un mirage animé par des formes telles des franges. Il s’agit probablement du dernier batik de Nicoll, qui se souvient d’avoir été « encouragée » à le réaliser après avoir pris sa retraite de l’enseignement de cette technique, en 1966. On ignore qui s’est chargé de l’encourager, mais il s’agit possiblement de son ancienne étudiante en batik, Barbara Leighton (1909-1986). Marion et Jim Nicoll (1892-1986) ainsi que Barbara et Alfred Crocker Leighton (1900-1965) sont des amis de toujours. C’est un peu après 1970 que Barbara acquiert Février 1967, qui fera plus tard partie intégrante de la collection du Leighton Art Centre situé près de Millarville, en Alberta.

 

Bien qu’après 1959, la peinture et les arts d’impression soient sa priorité, Nicoll a toujours considéré le batik comme une forme d’art sérieuse, tout aussi importante que ses autres pratiques. Elle n’a cependant que de très rares occasions de les exposer aux côtés de ses tableaux à cause de la hiérarchie historique dévalorisant l’artisanat au profit des beaux-arts. C’est en 1969, lors de l’exposition du couple d’artistes en fin de carrière organisée par le Glenbow-Alberta Institute (aujourd’hui le Glenbow Museum) de Calgary, que Nicoll expose pour la première fois un batik avec ses tableaux. Février 1967 est alors, dans l’exposition, l’une des sept œuvres représentant les années new-yorkaises de la carrière de Nicoll jusqu’à la période plus récente, et à l’instar de ses peintures, elle est accrochée au mur.

 

D’une impressionnante taille de 1,93 mètre, Février 1967 est visible dans deux photographies documentant l’exposition : l’une où Nicoll se tient devant le batik et l’autre où il est vu à côté du tableau Guaycura I: Red Rock, Black Rock (Guaycura I : Pierre rouge, pierre noire), 1966. Plus grande œuvre présentée dans l’exposition, Février 1967 est visiblement à sa place parmi les peintures hard-edge de Nicoll.

 

L’exposition de Marion et Jim Nicoll comprend une modeste sélection d’œuvres des deux artistes : sept de Marion et douze de Jim. À l’inverse des abstractions de Marion, les œuvres de Jim sont principalement des paysages albertains, deux tableaux de leur voyage en Sicile en 1959 et Interior [Marion on Stairway] (Intérieur [Marion dans l’escalier]), 1942. Le commissaire Lorne E. Render, connu pour ses recherches sur l’art de l’Ouest canadien, songeait peut-être à élargir ce canon en organisant cette exposition. Cependant, il adopte une stratégie qui sera répétée à deux reprises lors d’expositions consacrées aux Nicoll en 1971 et 1983 à Calgary. Inévitablement, l’exposition de couples d’artistes hétérosexuels donne lieu à des comparaisons qui accordent à un artiste plus d’importance qu’à l’autre; et traditionnellement, c’est le mari qui est mis de l’avant. En revanche, dans ce cas-ci, les puissantes abstractions à grande échelle de Marion inversent le rapport des genres et laissent Jim dans son ombre, en dépit du fait que sa production à lui soit supérieure en nombre et qu’il en fasse sa muse en la portraiturant.

 

Pour Marion, l’exposition souligne une fois de plus son genre, mais en l’alourdissant du poids de son état civil. En 1975, une rétrospective solo la distingue à juste titre du contexte du couple d’artistes, mais il faut attendre la rétrospective de 2013 pour que ses batiks soient à nouveau exposés aux côtés de ses peintures.

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