Rituels indigènes s. d.

Louis Nicolas, Rituels indigènes, s. d.

Louis Nicolas, Rituels indigènes, s. d.

Encre sur papier, 33,7 x 21,6 cm

Codex canadensis, page 21

Gilcrease Museum, Tulsa, Oklahoma

Nicolas était fasciné par les façons de vivre des premiers peuples, et il rendit compte d’un grand nombre de ces coutumes, y compris les pratiques religieuses. Les cinq images regroupées sur cette page témoignent de l’intérêt de Nicolas pour la vie quotidienne et les rituels autochtones. Chaque image est désignée comme une « figure », marquée par la lettre f suivie d’un numéro d’ordre, et cela dans tout le Codex canadensis.

 

 À la figure 33 de cette page, Nicolas décrit le « Sacriffice que ce sauvage fait a la Lune » : il va bientôt offrir à la Lune de la viande (de cerf?) qu’il cuit sous le toit d’un abri à l’extérieur. La figure 34 comporte deux images. La première représente la « Cabane de peau ou l’on voit une peau offerte à « aguakoqué qui est le dieu de la guerre des ameriquains ». Sur la seconde image, la « figure de la teste du dieu de la terre que ce sauvage va voir ». La « cabane de peau » est une suerie, et l’homme tient un arc et porte un masque, semblable à ceux de la Société des Faux-Visages – un groupe d’hommes-médecine chez les Iroquois. Ce dessin est le seul exemple connu d’une représentation de masques autochtones à la fin du dix-septième siècle. À cette époque, les colons affichaient le même mépris pour les œuvres d’art autochtones que pour leurs pratiques religieuses et les considéraient comme grotesques.

 

Art Canada Institute, Louis Nicolas, Engravings found in François Du Creux’s The History of Canada, or of New France (Historiae Canadensis seu Novae Franciae Libri Decem)
Gravures dans François Du Creux, Historiae canadensis seu Novae Franciae Libri Decem, 1664, p. 70, V et 22.
Art Canada Institute, Louis Nicolas, Engravings found in François Du Creux’s The History of Canada, or of New France (Historiae Canadensis seu Novae Franciae Libri Decem)
Gravures dans François Du Creux, Historiae canadensis seu Novae Franciae Libri Decem, 1664, p. 70, V et 22.

 Les figures 35, 36 et 37 portent sur des sujets domestiques, moins spirituels que les précédents. La première montre un enfant dans son berceau (papoose) suspendu à une branche; la seconde une « Branle » pour endormir les enfants; et la troisième un mortier pour moudre le grain. Ce sont les seules figures de cette page inspirées, dans une certaine mesure, des gravures du père François Du Creux (1596-1666). Même si Nicolas omet les mères dans les deux premières images et la femme qui tient le mortier dans la troisième, l’essentiel est dit.

 

 En général les missionnaires étaient fort critiques des croyances des peuples qu’ils voulaient convertir au christianisme. Quand ils les mentionnaient, c’était pour les ridiculiser et les dénoncer comme inspirées du Diable. Le jésuite Paul Le Jeune (1591-1664), par exemple, intitule l’un de ses chapitres de la Relation de 1634 : « De la créance, des superstitions et des erreurs des Sauves Montagnais ». On pourrait relever plusieurs passages de l’Histoire naturelle des Indes occidentales de Louis Nicolas portant le même genre de jugements. Cependant, dans ses dessins et leurs légendes, il ne fait que rapporter ce qu’il voit, sans porter de jugements.

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