Les Amphibies s. d.
Les illustrateurs du dix-septième siècle travaillent rarement sur le motif. La plupart du temps, les animaux qu’ils pouvaient observer étaient des animaux morts, raidis, souvent avec la langue sortie. Nicolas ne se différencie pas là-dessus. Beaucoup de ses animaux sont ainsi allongés, la langue pendante, comme c’est le cas de ses ours et de son « Elan ou caribou ». Il était encore plus fréquent de simplement s’inspirer d’une gravure existante, quitte à prendre des animaux européens pour représenter des animaux canadiens.
En faisant les quatre figures qui ouvrent la section sur les « Amphibies » – à savoir, de haut en bas, la loutre, le castor, et les phoques, désignés ici comme le loup et le tigre marins – Nicolas s’est inspiré de deux sources : La nature et la diversité des poissons […], 1555, de Pierre Belon du Mans, pour la loutre, et des gravures des Historiae Animalium, 1551-1558, 1587, de Conrad Gessner (1516-1565). L’image qui lui a servi de source pour le castor le représente à la verticale, dans la marge d’une page de l’ouvrage de Gessner. Nicolas l’a plutôt représenté à l’horizontale, et comme posé au sol. Nicolas tentait de se distancier de la tradition en représentant son animal vivant.
Les deux phoques viennent aussi de Gessner, qui, selon ses propres dires, a lui-même copié le premier phoque dans Guillaume Rondelet, naturaliste et médecin français du seizième siècle. Enfin, le « tigre marin » est également tiré de Gessner.
Les quatre créatures sur cette page sont teintées à l’aquarelle bleue pour suggérer qu’elles vivent aussi dans l’eau. Mais Louis Nicolas a pris soin de leur donner de la fourrure en les couvrant de hachures en zigzag. Il leur a donné aussi des moustaches, des dents aiguës et des griffes bien dessinées, ainsi que d’autres marques sur le corps.
Les naturalistes à l’époque classifiaient les animaux selon leur habitat et Nicolas suit leur exemple. Les animaux terrestres forment le groupe des animaux à quatre pattes; ceux qui volent, comme les oiseaux, ou les chauves-souris, forment le groupe associé à l’air; et finalement tout ce qui vit dans l’eau, y compris les baleines, est poisson. Étonnamment, Nicolas clôt cette section avec le « Rat des montagnes grand comme un chien Epagneul », et classifie les grenouilles avec les poissons.