L’éther sonifère des terres au-delà des terres au-delà 2012
L’éther sonifère des terres au-delà des terres au-delà est une installation cinématographique 35 mm tournée par Charles Stankievech (né en 1978) à la Station des Forces canadiennes (SFC) Alert – l’endroit le plus au nord du monde habité en permanence, sis à seulement 817 kilomètres du pôle Nord géographique, dans l’Arctique. L’installation s’inscrit dans une série d’œuvres de terrain réalisée par Stankievech qui traite de l’architecture des avant-postes éloignés, de l’infrastructure militaire et du paysage autour. L’artiste a utilisé le procédé de chronocinématographie pour produire ce film au cours de l’hiver 2012. À cette époque de l’année, l’obscurité de la nuit polaire règne sans partage ou presque : Stankievech a donc transformé les lieux en une sorte de station spatiale abandonnée et sinistre, éclairée uniquement par ses systèmes de lumière artificielle et par les étoiles. (En fait, la base abrite un grand nombre de personnes qui y vivent de manière temporaire en raison de ses utilités multiples – des installations de réception radio de renseignement électromagnétique militaire, une station météorologique d’Environnement Canada, un laboratoire de surveillance de la Veille de l’atmosphère du globe et un aéroport.
Le visionnement de ce film est une expérience immersive. Le spectateur se trouve plongé dans l’obscurité totale, un grand vide que la voix d’outre-tombe hors champ, mécanique et répétitive, et les faibles rais de lumière ne suffisent pas à combler. Lentement, la glace et la neige entourant la SFC Alert se révèlent, et les formes des affleurements teintés de blanc se reflètent dans les restes tordus d’avions écrasés ou de véhicules inactifs. Mis à part la voix hors champ, le lieu n’affiche aucun signe d’activité humaine. La station paraît inhabitée, la caméra de Stankievech survolant l’ensemble des équipements imbriqués dans les murs. L’œuvre rappelle les décors de films de science-fiction, et pourtant, il s’agit d’un site bien réel que l’on visite à travers un documentaire visant à capturer, à travers les sons et les images, l’étrange nature des régions les plus éloignées du Canada et de ses installations de défense du Nord.
La pratique artistique de Stankievech aborde des questions telles que le complexe militaro-industriel et l’histoire de la technologie dans l’art, le film, la photographie, l’installation et l’écriture. Il utilise le terme « travail de terrain » pour la décrire. En s’aventurant sur une zone géographique, qu’il appelle « paysage ancré », il fusionne l’architecture, l’équipement, les ouvrages in situ et la communication sonore et électromagnétique. Le travail de Stankievech constitue un apport considérable au Programme d’arts des Forces canadiennes (PAFC). En tant que jeune artiste multimédia prometteur ayant une connaissance et un vif intérêt pour le Nord, il contribue à rendre le programme pertinent pour les artistes contemporains et le public amateur d’art. En 2016, il a été sélectionné pour le Prix Sobey pour les arts.