Le chef Oshawana [John Naudee] 1858
Cette photographie maintes fois reproduite montre le chef Oshawana de la nation Chippewa dans sa vieillesse. Durant la guerre de 1812 – un conflit qui opposait l’Angleterre et les États-Unis de juin 1812 à février 1815 –, au moment de la bataille de la Thames en 1813, il est le principal guerrier de Tecumseh. Les Britanniques et leurs alliés autochtones perdent le combat, et Tecumseh est assassiné. Ici, Oshawana porte un costume hybride : les cordes de wampum et la pipe tomahawk reflètent son héritage autochtone, mais le costume et le haut-de-forme sont britanniques, tout comme la médaille du roi George III.
La pipe tomahawk de cérémonie, soit l’objet que tient Oshawana sur la photo, pouvait être d’une grande beauté. Traditionnellement de fabrication européenne, la pipe tomahawk était offerte aux chefs autochtones en signe de paix. Le tomahawk et la pipe sont également associés à la danse dans la culture chippewa.
En dépit du symbolisme cependant, des images comme Le chef Oshawana, qui mettent l’accent sur des vêtements et des pratiques exotiques aux yeux des Occidentaux, ont également contribué à façonner l’attitude de ces derniers à l’égard des peuples autochtones, lesquels sont dès lors perçus comme « l’autre », l’étranger. À l’époque, les Européens préfèrent généralement imaginer les Premiers Peuples du Canada imperméables à la culture occidentale, ce qui a souvent influé sur leur approche artistique et, par conséquent, sur le contenu des œuvres plastiques. Par exemple, le tableau de Paul Kane (1810-1871) représentant le chef Keeakeekasaakawow (« The Man That Gives the War Whoop, Head Chief of the Crees [L’homme qui lance le cri de guerre, Grand Chef des Cris] ») offre sans doute une vision déformée du récit authentique en attribuant au sujet un titre plus prestigieux et en le déclarant par erreur Cri plutôt que Saulteaux. Une esquisse à l’aquarelle de ce même homme, datée de la même époque, montre une figure plus près de la réalité.