Le Canada et l’appel 1914
Graphiste accompli, J. E. H. MacDonald (1873-1932) crée Le Canada et l’appel peu après le début de la Première Guerre mondiale. Malgré le caractère traditionnel du message, l’affiche de conception contemporaine mélange le symbole au réel. Le Canada, représenté par une femme vêtue d’une longue robe blanche ornée de fleurs de lys emblématiques de la France et de roses rouges symbolisant l’Angleterre, brandit le drapeau britannique. Sa tête est ceinte d’une couronne de feuilles d’érable en bronze et, derrière elle, flotte une trainée d’autres feuilles d’un rouge vibrant, qui contraste avec le bleu profond de la mer au second plan. Au loin, des navires tirant des coups de canon défendent les falaises blanches du sud-est de l’Angleterre. Un fermier ayant interrompu un instant son travail de labour, et personnifiant l’agriculture, soutient la figure principale. Derrière eux, des soldats marchent accompagnés du drapeau canadien de l’époque, le Red Ensign (Pavillon rouge).
L’art graphique et les affiches jouent un important rôle durant la Première Guerre mondiale en tant qu’outils de propagande mais également comme une ressource dont les ventes permettent de financer le Fonds de souvenirs de guerre canadiens. Destinée à servir d’affiche promotionnelle pour le Fonds patriotique canadien, Le Canada et l’appel annonce une exposition de peintures organisée par l’Académie royale des arts du Canada (ARC).
Reconnu pour ce type de création, MacDonald tire son influence des motifs décoratifs à la fois complexes et colorés du mouvement international Arts and Crafts. Néanmoins, le travail de l’artiste n’est pas cantonné dans ce style et il réalise en parallèle des illustrations empreintes de sentiments nettement plus viscéraux. Spirits of Christmas – No Man’s Land (Esprits de Noël – zone neutre), 1914, qui montre le brutal empereur allemand foulant un champ de bataille jonché de cadavres, révèle le côté sombre de sa pensée et de son imagination quand règne une violence meurtrière; il traite un sujet similaire dans l’illustration de la même année, The Kaiser’s Battle Cry (Le cri de guerre de l’empereur). Après la guerre, MacDonald devient un membre fondateur du Groupe des Sept.