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Deuxième frappe 1981

Deuxième frappe, 1981

John Scott, Second Strike (Deuxième frappe), 1981
Crayon à l’huile, mine de plomb et varsol sur papier, 244 x 244 cm
Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa

Peu d’artistes canadiens ont protesté contre la guerre dans leur art avec autant de détermination que John Scott (né en 1950). Dans le grand dessin obscur Deuxième frappe, il exprime clairement son opposition aux essais de missiles de croisière. Des montagnes sombres et menaçantes encadrent l’arme missile en vol. Le ciel est rempli des mots de colère de ceux qui s’opposent aux essais, et l’absence de couleur évoque l’absence de vie. Les trois sommets menaçants, en forme de pierres tombales, semblent effacer les mots de protestation, laissant place à la perspective déprimante de l’anéantissement nucléaire de tous les êtres vivants.

 

À la suite de discussions informelles sur un accord relatif aux essais d’armes, le Canada et les États-Unis établissent en 1983 le Programme canado-américain d’essai et d’évaluation. Cet accord permet aux Américains de tester des missiles de croisière sans charge lancés par avion au Canada afin de simuler d’éventuels combats avec des Russes au-dessus de l’Arctique. Les essais ont lieu dans certaines parties des Territoires du Nord-Ouest, de la Colombie-Britannique, de l’Alberta et de la Saskatchewan. Toutefois, cette décision s’avère controversée, entraînant des marches de protestation dans tout le pays et l’établissement de camps de la paix, dont un sur la colline du Parlement à Ottawa. Lors d’un incident dramatique, le 22 juillet 1983, l’activiste Peter Greyson a taché de peinture rouge la proclamation de la Loi constitutionnelle, affirmant que les essais de missiles de croisière constituaient une tache sur les droits des Canadiens.

 

John Scott, Bad Scene Canada (Mauvaise scène Canada), 2008, techniques mixtes sur papier, 63,5 x 96,5 cm, collection de l’artiste. 
La proclamation de la Loi constitutionnelle, 1982, version avec tache de peinture rouge, Bibliothèque et Archives Canada, Ottawa.

Aujourd’hui encore, Scott allie son activisme politique et son art dans des dessins apocalyptiques tracés grossièrement sur des matériaux bon marché ainsi que dans des installations et des objets transformés. Parfois, il trempe son papier dans un solvant et crée une image dans la surface humide en broyant des pigments sombres, de la peinture noire épaisse, du graphite et du charbon de bois. Sa vision de la société est sombre; la guerre et la destruction menacent son monde. La campagne contre le terrorisme constitue le sujet de nombre de ses dessins. Bad Scene Canada (Mauvaise scène Canada), 2008, par exemple, exprime une critique de la mission de combat du Canada en Afghanistan en se servant de l’image d’un avion de chasse rouge sang.

 

Scott a quitté l’école en dixième année pour travailler dans une usine de Windsor, en Ontario, où il s’est engagé dans des activités syndicales. Les expériences qu’il y a vécues de même que son indignation contre la guerre du Vietnam et la guerre froide ont fait de lui un artiste et un militant pacifiste à vie. En 1993, influencé par la culture automobile du Windsor de sa jeunesse, il réalise son œuvre la plus connue, aujourd’hui conservée au Musée des beaux-arts de l’Ontario (MBAO), Trans-Am Apocalypse No. 2 (Trans-Am de l’Apocalypse no 2) en gravant un texte tiré du Livre des révélations de la Bible sur la carrosserie d’une Pontiac Trans-Am noire modifiée. Scott reçoit le Prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques en 2000. Il vit aujourd’hui à Toronto.

 

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