William Notman (1826, Paisley, Écosse – 1891, Montréal, Québec)
La femme élégamment costumée de l’œuvre The “Skating Queen” (La « reine du patin ») semble glisser sur la glace au sein d’un paysage d’hiver dans ce portrait de William Notman (1826-1891). Pourtant, elle a été photographiée à l’intérieur, dans un studio d’hiver spécialement conçu. La création de portraits d’hiver à l’intérieur, grâce à des innovations techniques uniques, est l’une des marques de commerce de Notman. Ces images sont parmi les plus populaires chez Notman, ce qui explique en partie l’immense succès commercial du photographe. Grâce à sa combinaison inégalée de compétences photographiques et promotionnelles, Notman devient le premier photographe canadien à se bâtir une réputation internationale.
Après avoir émigré d’Écosse en 1856, Notman travaille dans une entreprise de marchandises sèches pendant une saison avant d’établir une entreprise lucrative de photographie à Montréal. Fasciné par les nouvelles technologies, il veille à ce que son studio recourt aux équipements les plus novateurs et il élabore constamment de nouvelles techniques photographiques, qu’il s’agisse de simuler la glace et la neige en studio, de breveter l’utilisation de fusées éclairantes au magnésium pour reproduire le feu ou de mettre au point la technique de la photographie composite; soit la création, par collages juxtaposés, de portraits de groupe (relativement) naturalistes à une époque où les temps d’exposition des appareils photo sont encore trop longs pour pouvoir photographier le groupe simultanément.
Les photographies de Notman les plus louangées sur le plan artistique sont ses paysages et ses vues à la composition nette et élégante, dont une série commandée en 1858 par la Compagnie du Grand Tronc de chemin de fer du Canada pour documenter la construction du pont Victoria, qui allait relier, par voie ferrée, Montréal, New York et Boston. Mais ses portraits de studio et ses photographies de genre sont également impressionnants par leur nombre et, parfois, par leur créativité.
Notman recherche non seulement la célébrité pour lui-même en soumettant ses œuvres à des expositions et à des revues internationales, mais il exploite également le potentiel de ses modèles célèbres et parfois, tristement célèbres, tels que le chef Sioux Tatanka Iyotake (Sitting Bull) et Buffalo Bill (né William Frederick Cody), pour vendre des clichés et améliorer la réputation de son studio. Dans les années 1860, il se présente comme le « photographe de la reine », après avoir offert au prince de Galles et à la reine Victoria un album en l’honneur de la reine; cette désignation l’aide à commercialiser son travail auprès d’une clientèle nationale et du marché touristique croissant.
De concert avec Alexander Henderson (1831-1913) et d’autres artistes et photographes notables de Montréal, Notman fait la promotion du domaine naissant de l’art canadien en parrainant des expositions d’art dans son somptueux studio. Il photographie également une sélection de peintures canadiennes qu’il vend sous forme de livre. Grâce à ces activités, il fait la promotion de ses services photographiques et les rehausse, en connectant la photographie de qualité au monde de l’art afin de tirer parti de son potentiel commercial.
L’innovation de Notman se manifeste surtout dans son approche du commerce de la photographie. Au cours du dix-neuvième siècle, il ouvre des studios dans l’est du Canada et aux États-Unis. À mesure que son entreprise prend de l’ampleur, Notman fait travailler d’autres photographes pour lui, et lorsqu’en 1882 son fils William McFarlane Notman se joint au studio, celui-ci est rebaptisé Wm. Notman & Son. Certaines des images les plus emblématiques des années 1880, comme The Bounce, Montreal Snowshoe Club, QC (La culbute, Montréal Snowshoe Club, QC), 1886, peuvent être attribuées au studio plutôt qu’à un individu. Après la mort de leur père, William McFarlane Notman et son frère, Charles, dirigent le studio avant de le vendre à la société de production cinématographique Associated Screen News en 1935.