William James Topley (1845, Montréal, Québec – 1930, Vancouver, Colombie-Britannique)
Une femme élégante pose dans un costume élaboré symbolisant le Dominion du Canada, alors que son mari, vêtu en Jacques Cartier, incarne son conquérant historique. Ces deux portraits réalisés par William James Topley (1845-1930) font partie d’une série de photographies prises pour commémorer le premier bal costumé organisé au Canada en 1876 par le gouverneur général. Photographe le plus reconnu à Ottawa au cours du dix-neuvième siècle, Topley immortalise la plupart du temps des événements, des activités ou des dignitaires du gouvernement, mais peu de commandes résultent en des images comme celles-ci. Aujourd’hui, l’œuvre de Topley offre un aperçu inégalé de la culture visuelle ottavienne dans les décennies qui ont suivi la Confédération.
Topley naît à Montréal mais grandit à Aylmer. Alors qu’il est adolescent, sa mère lui offre un appareil photo qu’elle achète à William Notman (1826-1891), et lui donne une série de leçons. Quelques années plus tard, après le retour de la famille à Montréal, Topley devient apprenti au studio de Notman. En 1868, dans la foulée de la Confédération, ce dernier lui confie la responsabilité du nouveau studio Notman à Ottawa, qui est situé bien en vue, en face des tout nouveaux édifices du Parlement. Lorsque Topley achète le studio en 1872, il attire déjà 2 300 clients par année; le photographe l’exploite sans interruption à divers endroits de la ville jusque dans les années 1920. Bien qu’il se concentre principalement sur les portraits élégants, particulièrement de personnalités gouvernementales, son studio crée et vend également des vues de paysages de partout au pays.
De Notman, Topley apprend la technique et la valeur commerciale de la réalisation et de la vente de photographies composites de grands événements sociaux. Il transforme ses portraits de costumes canadiens en une composition ambitieuse qui rassemble le groupe présent à une fête, et il photographie également les protagonistes participant à des carnavals de patinage – plus courants et plus accessibles à la fin du dix-neuvième siècle –, des gens qui sont souvent encouragés à porter des costumes extravagants.
Topley est également chargé par le gouvernement de photographier des personnes dans des contextes moins festifs et élitistes. Il est connu pour une série de 1895 représentant des femmes détenues à Ottawa, qui comprend des œuvres comme Polly, an Inmate at the Carleton County Gaol (Polly, détenue à la prison du comté de Carleton), ainsi qu’une série de 1910 documentant des personnes immigrantes qui arrivent par bateau dans le port de Québec, notamment Slavic Immigrants, Yanaluk Family (Immigrants slaves, famille Yanaluk). Ces deux projets immortalisent l’humanité de sujets traversant des circonstances difficiles.
En 1936, le gouvernement fédéral achète les biens du studio Topley, y compris 150 000 négatifs (en verre et en nitrate) ainsi que les journaux de bord et les dossiers commerciaux. Non seulement la collection Topley devient un outil essentiel pour les historien·nes, mais elle constitue également l’une des rares archives internationales d’un studio photographique du dix-neuvième siècle.