Ulrich (Fred) Herzog (1930, Bad Friedrichshall, Allemagne – 2019, Vancouver, Colombie-Britannique)
Dans l’œuvre Boys on a Shed (Garçons sur un hangar), Ulrich Herzog, connu sous le nom de Fred Herzog (1930-2019), capte de manière saisissante une structure en bois condamnée sur laquelle sont juchés des enfants qui en ont fait leur terrain de jeu. Les photographies les plus célèbres d’Herzog sont des images en couleurs de Vancouver, prises dans les années 1950 et 1960. Il les a réalisées principalement le long d’un parcours qu’il empruntait au quotidien, un paysage urbain qui a ensuite été rasé pour faire place à la rutilante ville moderne. Bien que son œuvre soit peu connue avant les années 1990, il reçoit les éloges de la critique pour son utilisation inhabituelle de la couleur dans la photographie d’art au milieu du vingtième siècle, un jalon important de la discipline au Canada.
Né à Bad Friedrichshall, Herzog grandit en Allemagne où ses débuts sont marqués par la perte de ses parents et les ravages de la Seconde Guerre mondiale. Il immigre au Canada en 1952. Il est possible que ses expériences traumatiques soient à l’origine d’un commentaire qu’il a fait des années plus tard et qu’il a ensuite rétracté, dans lequel il exprimait des doutes sur l’étendue de l’Holocauste.
Herzog hérite d’un oncle son intérêt pour la photographie ainsi qu’un appareil photo avant d’acheter lui-même son propre Kodak Retina, qu’il utilise avidement. Après avoir immigré au Canada, il vit temporairement à Toronto où il fait la rencontre d’un photographe médical avec qui il travaillera quelques temps. Herzog lit beaucoup de magazines de photographie et de livres d’artistes tout en gagnant sa vie sur des navires en partance de Vancouver, puis il trouve un poste de photographe médical en 1957. Il prend la tête du département des communications biomédicales de l’Université de Colombie-Britannique en 1961. Herzog occupe ce poste jusqu’à sa retraite, en 1990, et enseigne la photographie occasionnellement, mais ses photographies les plus importantes ne sont pas issues de son œuvre professionnelle.
Herzog compose des photographies cinématographiques de rues et de scènes urbaines animées, muni d’une pellicule diapositive couleur Kodachrome dans un appareil photo Leica, le plus souvent équipé d’un objectif grand angle. La lenteur du temps d’exposition lui permet de capter des détails poignants, souvent croustillants, de Vancouver et de sa population ouvrière, dans des images telles que Black Man Pender (Homme noir, rue Pender), 1958. Il s’agit d’une approche qu’il affine par sa rencontre avec le livre The Americans de Robert Frank (1959) et, plus tard, l’œuvre de Walker Evans (1903-1975).
Tout au long de sa carrière, Herzog participe à des expositions collectives et il est aussi reconnu pour ses photographies médicales. Il est déjà septuagénaire lorsque la technologie de l’impression numérique lui offre le moyen de capter convenablement les couleurs dans les tirages de ses quelque 100 000 diapositives couleur. Grâce à l’assistance d’un marchand, son œuvre bénéficie d’une importante reconnaissance sous forme d’expositions et de livres, à l’échelle nationale et internationale.