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Sam Tata (1911, Shanghai, Chine – 2005, Sooke, Colombie-Britannique)

Sam Tata | La photographie au Canada, 1839-1989

Angels, Saint-Jean-Baptiste Day, Montreal, Quebec (Anges, fête de la Saint-Jean-Baptiste, Montréal, Québec), 1962
Épreuve à la gélatine argentique, 29,2 x 36,8 cm; (image) 22,6 x 34,1 cm
Collection MCPC, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa

Entourés d’enfants perplexes et de leurs parents qui ne leur portent aucune attention, les anges au premier plan de la photo Angels, Saint-Jean-Baptiste Day, Montreal, Quebec (Anges, fête de la Saint-Jean-Baptiste, Montréal, Québec) de Sam Tata (1911-2005), pourraient difficilement être moins célestes. Par cette image, prise dans les premiers jours de la Révolution tranquille, Tata capte un « instant décisif », une expression que le mentor de Tata, le légendaire photographe français Henri Cartier-Bresson (1908-2004), utilise pour décrire l’image fugace qui représente pleinement un événement complexe.

 

Né à Shanghai de parents Parsi qui émigrent de l’Inde vers la Chine avant sa naissance, Tata fréquente l’université à Hong Kong, avant de s’intéresser à la photographie, au milieu de la trentaine. Il s’inscrit dans un club photo, achète un Leica et commence à photographier les rues de la ville cosmopolite – Street Conversation, Shanghai (Conversation dans la rue, Shanghai), 1938, est exemplaire de cet ensemble d’œuvres. Lorsque l’occupation japonaise de la Chine rend la photographie publique difficile, Tata se tourne vers le portrait. Sa première exposition, en 1946, associe ses portraits pictorialistes à des paysages du célèbre photographe Lang Jingshan (1892-1995). De 1946 à 1948, Tata vit et travaille en Inde, où il fait la rencontre de Cartier-Bresson, qui a été dépêché par le magazine LIFE pour documenter l’indépendance de l’Inde en 1947 et qui deviendra son mentor, son collègue et son ami pour la vie.

 

Sam Tata, Street Conversation, Shanghai (Conversation dans la rue, Shanghai), 1938, imprimée en 1972, épreuve à la gélatine argentique, 17,7 x 27,8 cm; (image) 16,5 x 24,2 cm, collection MCPC, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa.
Sam Tata, Cultural Parade with Posters of Mao Tse-Tung and Chu Te, July 4, 1949 (Défilé culturel avec affiches de Mao Zedong et Zhu De, 4 juillet 1949), 4 juillet 1949, imprimée en 1970, épreuve à la gélatine argentique, 50,8 x 40,6 cm; (image) 34,4 x 22,5 cm, collection MCPC, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa.

 

Tata retourne à Shanghai en 1949, alors que la prise de pouvoir par les communistes bat son plein, et il documente les événements dans des images telles que Cultural Parade with Posters of Mao Tse-Tung and Chu Te, July 4, 1949 (Défilé culturel avec affiches de Mao Zedong et Zhu De, 4 juillet 1949), 1949. L’artiste et sa famille élargie s’enfuient à Hong Kong en 1952, et en 1956, Tata, sa femme et sa fille partent pour Montréal. Avec l’aide d’un diplomate, il fait sortir clandestinement de Chine ses images de la révolution, mais la censure douanière saisit un grand nombre de ses photographies du vieux Shanghai. La perte de ses premières œuvres est aggravée lorsque Tata renonce à sa phase pictorialiste et détruit un grand nombre de ses images.

 

Sam Tata, Lucie Guannel, Singer, Montreal, Quebec (Lucie Guannel, chanteuse, Montréal, Québec), 1961, imprimée en 1968, épreuve à la gélatine argentique, 25,2 x 35,6 cm; (image) 16 x 23,8 cm, collection MCPC, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa.

Au Canada, Tata travaille régulièrement en tant que pigiste pour l’Office national du film (ONF) et pour des magazines nationaux et internationaux. En collaborant avec ces derniers, il s’offusque souvent du fait que ses photographies doivent être liées à des textes et à des histoires plutôt que de parler d’elles-mêmes. Il expose, et plus tard publie, ses œuvres de Chine et d’Inde et finit par trouver des sujets pour ses photographies de rue dans les divers festivals culturels et religieux du Québec.

 

Tata est également célèbre pour ses portraits d’écrivain·es, d’artistes et d’interprètes, qu’il capte avec sensibilité dans leur espace de travail, alors que ces personnalités sont entourées d’éléments révélateurs de leur profession, comme on peut le voir dans Lucie Guannel, Singer, Montreal, Quebec (Lucie Guannel, chanteuse, Montréal, Québec), 1961. Nombre de ces portraits, commandés par le magazine Time, sont plus tard rassemblés dans l’ouvrage A Certain Identity: 50 Portraits (1983). Tata est le mentor et l’ami de plusieurs photographes de Montréal; il réalise des portraits d’un certain nombre de ces relations et lui-même figure souvent dans l’œuvre de Nina Raginsky (née en 1941) et de Gabor Szilasi (né en 1928).

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