Peter Pitseolak (1902, Tujakjuak/île Nottingham, Nunavut – 1973, Kinngait/Cap Dorset, Nunavut)
Lorsque Peter Pitseolak (1902-1973) commence à prendre des photographies au début des années 1940, il veut montrer les gens de sa communauté de Kinngait (Cape Dorset) au Nunavut dans leur vie quotidienne. Dans ce portrait, il représente sa femme, Aggeok. Elle pose dans la toundra, avec des chiens et divers équipements en arrière-plan, vêtue d’une combinaison de vêtements traditionnels finement décorés et de tissus à carreaux importés. Par son sujet personnel et ses juxtapositions intéressantes, cette image est caractéristique de l’œuvre de Pitseolak. Grâce à ses photographies, l’artiste est le premier à donner une perspective inuite sur la vie traditionnelle dans l’Arctique.
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Peter Pitseolak, Ashevak Ezekiel and Kooyoo Pitseolak leaving on the dog sled (Ashevak Ezekiel et Kooyoo Pitseolak partent en traîneau à chiens), v.1940-1960
Négatif noir et blanc, 6,4 x 8,9 cm
Musée canadien de l’histoire, Gatineau -
Peter Pitseolak, Aggeok Pitseolak, Ashevak, Johnniebo and an Inuit woman dragging a dead seal (Aggeok Pitseolak, Ashevak, Johnniebo et une femme inuite traînant un phoque mort), v.1940-1960
Négatif noir et blanc, 6,4 x 8,9 cm
Musée canadien de l’histoire, Gatineau -
Peter Pitseolak, Distant view of Cape Dorset (Vue lointaine de Cape Dorset), v.1942-1943
Négatif noir et blanc, 6,4 x 8,9 cm
Musée canadien de l’histoire, Gatineau
Actif dans les années 1940 et 1950, Pitseolak se sert d’appareils empruntés et apprend la photographie par lui-même avant d’acquérir son premier appareil. Plus tard dans sa vie, il révèlera que c’est une rencontre avec le photographe et cinéaste des États-Unis Robert Flaherty (1884-1951) qui déclenche son intérêt pour la photographie. Pitseolak en témoigne, il veut documenter la culture traditionnelle inuite dans une période d’immenses changements et d’incursion gouvernementale. Il prend donc des photos lors d’expéditions de chasse et autour des camps traditionnels. Parfois, il met en scène l’action ou demande aux sujets de porter des vêtements particuliers, dans le cadre d’un processus de documentation enrichi de sa propre expérience de photographe également membre de la communauté qu’il prend pour sujet. En outre, ses photographies lui servent souvent de références pour son travail créatif de sculpteur, graveur et peintre.
L’un des principaux défis auxquels Pitseolak doit faire face est le fait que les appareils et le matériel photographique ne sont pas conçus pour les conditions arctiques. En collaboration avec Aggeok, il développe des films et des épreuves dans des huttes et des igloos, en veillant à modérer les variations de température, et il ajuste ses appareils photo pour atténuer l’éblouissement causé par la neige. Pitseolak contracte la tuberculose en 1945, et sa mauvaise santé le pousse à se tourner vers des portraits intérieurs plus intimes de sa famille et de ses amitiés.
L’œuvre de Pitseolak n’est exposée qu’après sa mort. Après une exposition consacrée à ses photographies au Musée McCord de Montréal en 1975, le comité organisateur élabore une exposition itinérante pour le Nord avec de petits tirages montés sur des planches pliantes pouvant être chargées dans de petits avions.