James Patrick Brady (1908, Saint-Paul-des-Métis, Alberta – 1967, Nord de la Saskatchewan)
Le photographe, organisateur politique et activiste métis James Patrick Brady (1908-1967) réalise le portrait de la famille Trottier à un moment charnière, alors que les changements apportés aux règlements sur la chasse et sur l’utilisation des terres menacent la subsistance de leur communauté dans la région de Fishing Lake, en Alberta. La famille manifeste son opposition à la décision du gouvernement provincial d’ouvrir la région à la colonisation en refusant d’être relogée; cette photographie de 1936 marque la résurgence politique des Métis, selon l’artiste et chercheuse métisse Shelley Farrell Racette.
-
James Brady, Abraham Plante, Trapper (Abraham Plante, trappeur), vers les années 1930
Épreuve à la gélatine argentique
Glenbow Museum, Calgary -
James Brady, Malcolm Norris Hanging Nets (Malcolm Norris suspendant des filets), 1934
Épreuve à la gélatine argentique
Glenbow Museum, Calgary -
James Brady, Outdoor portrait of Veronique Goulet, née Carriere, Cumberland House (Portrait en extérieur de Veronique Goulet, née Carriere, à Cumberland House), 1949
Épreuve à la gélatine argentique
Glenbow Museum, Calgary
Né près de Saint-Paul-des-Métis, en Alberta, Brady a des liens familiaux profonds avec le monde du militantisme métis. Son grand-père maternel, Laurent Garneau, est un ami du chef métis Louis Riel et prend part au mouvement de résistance en 1885. Brady lui-même devient une figure importante de la politique socialiste et de la lutte pour l’autodétermination des Métis. Son travail photographique est un prolongement de son engagement politique, ainsi qu’une expression des valeurs métisses. Par exemple, dans sa photographie d’Abraham Plante, le trappeur est représenté avec son chien et son fusil devant une cabane en rondins; ce qui donne à voir que Brady reconnaissait l’autosuffisance comme un aspect important de la masculinité métisse associée à la vie en plein air.
L’une des œuvres les plus remarquables de Brady provient de Cumberland House, un village du nord-est de la Saskatchewan, une communauté métisse majoritairement crie où il travaille pour le ministère des Ressources naturelles de la province. En tant que personne extérieure à la communauté, Brady est d’abord traité avec méfiance, mais il se sert de la photographie pour faire tomber les barrières et entrer en contact avec les gens. Entre 1948 et 1951, il réalise une série de portraits d’adultes et de plusieurs enfants de Cumberland House. Ces portraits en pied montrent des personnes fières, indépendantes et engagées dans leur communauté, comme dans la plupart de ses œuvres. Pour Brady, la photographie est un passe-temps personnel en même temps qu’un outil professionnel et politique de résistance au colonialisme de peuplement.