Geraldine Moodie (née Fitzgibbon) (1854, Toronto, Ontario – 1945, Calgary, Alberta)
Réalisé par Geraldine Moodie (1854-1945), ce saisissant portrait de studio de Kootucktuck, une jeune femme inuite portant une parka richement perlée, est une des premières photographies prises dans l’Arctique par une femme. Pour ses images saisies dans la région de la baie d’Hudson, Moodie est particulièrement attentive aux vêtements des Autochtones ainsi qu’aux activités quotidiennes des femmes et des enfants. Mais contrairement à la plupart des photographes de son époque, Moodie légendait ses photos avec les noms de ses sujets en cri et en inuktitut.
Moodie est issue d’une lignée de femmes artistes profondément engagées dans la documentation de la vie coloniale. Son mari, Douglas Moodie, est officier de la Police à cheval du Nord-Ouest (P.C.N.-O.), qui devient plus tard la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Bien que Geraldine le rejoigne lors de nombreuses affectations, elle fait également des allers-retours à la maison de sa mère, à Lakefield, en Ontario. Pendant cette période, au cours de laquelle elle donne naissance et élève six enfants, elle photographie également des plantes, créant des images comme Mentzelia decapetala, 1898. Juste après son quarantième anniversaire, elle passe du statut de photographe amateur à celui de photographe professionnelle, et elle tourne son objectif vers les communautés autochtones qui vivent dans les environs de sa maison des Prairies, à Battleford, en Saskatchewan. En 1895, elle est la première femme à ouvrir un studio dans la région.
De 1903 à 1909, le mari de Moodie est affecté à Cape Fullerton, aujourd’hui le Nunavut. Les historien·nes observent souvent que les sujets nordiques de Moodie semblent à l’aise devant son objectif, mais il est essentiel de rappeler qu’elle faisait partie d’un groupe gouvernemental chargé d’établir la première présence policière dans la région de la baie d’Hudson. Certaines images du Nord témoignent des traumatismes causés par l’incursion des colons du Sud. Son Portrait of Two Southampton Inuit Children (Portrait de deux enfants inuits de Southampton), 1903-1905, montre deux jeunes enfants qui font partie du groupe de quatre, accompagné d’une seule femme, à avoir survécu à une épidémie apportée par les baleiniers qui, en 1902, a décimé la communauté Tuniit sur l’île de Southampton.
Moodie enseigne la photographie à son mari et, travaillant tous deux dans le Nord, elle se concentre sur les portraits alors qu’il photographie le paysage et les opérations de la P.C.N.-O. Moodie fait breveter de nombreuses photographies du Nord. Non seulement elle obtient des droits d’auteur pour bon nombre de ses images, mais celles-ci accompagnaient souvent les rapports, documentant les activités de la P.C.N.-O., que Douglas envoyait à Ottawa. Par conséquent, bon nombre des photographies du Nord prises par Geraldine Moodie sont conservées dans la collection de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) à Bibliothèque et Archives Canada (BAC).